De nombreuses défaillances ont été relevées par la Cour des comptes en matière de logement social. Les principales observations émises concernent l’absence d’études préalables à la mise en place des dispositifs, le dysfonctionnement des « partenariats publics-privés », l’insuffisance de cohérence avec les autres programmes d’habitat ainsi que le déphasage entre objectifs et besoins. «L’analyse des différents dispositifs initiés par l’Etat en matière de logement social permet de soulever leurs ressemblances en termes de nature de produits, de modes d’intervention et de leurs caractéristiques techniques. Ce qui donne lieu à des dispositifs qui coexistent sans rapports logiques entre eux en termes de complémentarité ou d’homogénéité», peut-on relever de la Cour des comptes. A cet effet les produits à 140.000 dirhams et 250.000 dirhams ne présentent pas de grandes différences dans leurs contenus, voire connaissent des chevauchements. «De ce fait, la richesse créée et la marge brute de l’opérateur (hors le coût du foncier) sur le segment de produit à 140.000 DH, et qui s’élèvent respectivement à 63.467 DH et à 43.860 DH, sont nettement inférieures à celles dégagées par le segment de produit à 250.000 DH, à savoir une richesse créée de 157.620DH et une marge brute de 122.850 DH», peut-on lire du rapport de la Cour des comptes. Se référant audit document, les réalisations des dispositifs engagés en termes de contribution à la résorption des déficits de logement ne semblent pas à la hauteur des efforts déployés.
Si le produit de logement à 140.000 dirhams a contribué à fin 2016 à hauteur de 29% au programme «Villes sans bidonvilles» et 5% au programme de l’habitat menaçant ruine, la contribution du produit 250.000 dirhams auxdits programmes reste dérisoire. Il s’avère qu’elle n’a jamais dépassé 1,47% de la production totale, soit 494 unités au profit du programme «Villes sans bidonvilles» (0,17%) et 3.678 unités au profit du programme habitat menaçant ruine.
La Cour des comptes relève par ailleurs une absence de mécanismes de régulation de l’offre en logement social. Ceci a engendré des déséquilibres spatiaux quant à leur production, voire une surproduction dans certaines régions et une insuffisance dans d’autres. «Ce déséquilibre est caractérisé par un effort financier considérable qu’il aurait été judicieux de réorienter vers d’autres régions ou vers le segment de logement à 140.000 DH, si des mécanismes de régulation de conventionnement inter-dispositifs et inter-régions ont été instaurés», apprend-on dans ce sens. De même, les mesures de ciblage et d’attribution restent insuffisantes : En découle un manque de verrouillage susceptible de faire bénéficier des efforts financiers de l’Etat la véritable catégorie pour laquelle le logement social a été instauré. Il ressort dans ce sens l’exclusion d’une frange de population du logement social, notamment celle dont le niveau de revenu limite sa capacité d’épargne et de financement via le crédit bancaire. Et pour cause: le besoin en logements sociaux dépend des tranches de revenu de la population qui le composent. Les données du département chargé de l’habitat révèlent que 40% des bénéficiaires du logement à 140.000 DH se situent dans la tranche de revenus entre 3.800 et 4.700 DH alors que les statistiques tablent sur une demande globale de près de 1,5 million d’unités touts produits confondus, dont 21% des demandeurs ont des revenus inférieurs à 2.000 dirhams.
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