Immobilier: Deux décennies en dents de scie

Codirectrice de Yamed Pro­motion, Emilie d’Avout revient sur les hauts et les bas du marché résidentiel. Une sorte de fresque historique avec des dates char­nières pour le secteur. Mais aussi des marqueurs intéressants du point de vue de la sociologie éco­nomique. Pourquoi le consomma­teur n’est plus ce qu’il était il y a 20 ans? Eléments de réponse.

■ Baisse des prix après des années folles

«Le marché de l’immobilier a connu une euphorie entre 2006 et 2009, avec une forte hausse des prix et du volume des transactions», analyse Emilie d’Avout, Partner et Co-Head de Yamed Promotion au sein de Yamed Group. A la fin de la décennie 2000, le secteur a été «fortement» secoué par «la crise financière mondiale». «Elle s’est traduite par le retrait de la demande étrangère, notamment sur le marché résidentiel touristique, et par un attentisme de la demande natio­nale. La baisse drastique et rapide de la demande a entraîné des baisses de prix dans la majorité des villes maro­caines».

■ Logement social: «Dix ans de forte croissance»

Vient une seconde période «à partir de 2013». Le marché résidentiel «a sta­gné». Elle s’explique par «un déséqui­libre qualitatif persistant entre l’offre et la demande». Les acquéreurs «sont devenus plus avertis et plus exigeants sur la qualité des agencements et des prestations» des promoteurs immobi­liers. Par ailleurs, «la loi de finances de 2010 a introduit un dispositif spéci­fique au profit du logement social». Et ce, pour parer «à un fort déficit structu­rel» dans ce segment. Ses mesures ont incité les promoteurs conventionnés «à augmenter leur production face à une forte demande». Construire 500 loge­ments sur 5 ans et vendus à 250.000 HT, précise le ministère de l’Habitat. Le logement social a «connu une forte croissance ces dix dernières années». Cette loi de finances «n’est plus d’actualité depuis 2020». L’offre de logements sociaux «s’est déjà forte­ment réduite et se limite actuellement aux projets déjà autorisés avant cette date».

■ Changement de profil confir­mé chez les consommateurs

A cause du Covid-19, le marché du résidentiel a généré plusieurs effets. Psychologique d’abord via «l’incer­titude liée à la crise sanitaire» et son pendant économique. Ces deux élé­ments «ont impacté le pouvoir d’achat des ménages et contracté par consé­quent la demande». Il y a eu ensuite un effet sur les modes de consommation. A part d’être «plus avertis et plus exigeants», voi­là des acquéreurs plus sensibles à de «nouveaux critères jugés auparavant accessoires». Le confinement sanitaire est passé par là. Du coup, une prise de conscience s’est fortifiée dès mars 2020: «Le logement avait un impact direct sur la qualité de vie». Des considérations sont devenues «primor­diales» pour les acquéreurs comme «la générosité des espaces extérieurs et la présence d’espaces verts au sein des résidences.

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