Duflot et les professionnels de l’immobilier : une relation houleuse

Ministre du Logement entre 2012 et 2014, Cécile Duflot a réussi à fédérer la profession contre elle. Les professionnels lui reprochent d’avoir pris des mesures démagogiques et éloignées de la réalité du terrain.

Si vous interrogez les professionnels de l’immobilier, ils ne seront pas beaucoup à dresser un bilan positif du mandat de Cécile Duflot, ministre du Logement entre 2012 et 2014. «En peu de temps, elle a réussi à faire l’unanimité contre elle», souligne l’un d’entre eux. La profession lui reproche d’avoir réalisé un mandat très politique et en proposant des mesures démagogiques et inefficaces. Cécile Duflot, qui a annoncé ce jeudi qu’elle quittait le monde de la politique, a également payé l’objectif – jamais atteint – fixé en 2012 par François Hollande de construire 500.000 nouveaux logements par an. En janvier dernier, la France enregistre des statistiques jamais atteintes depuis 2012.

Point d’orgue de cette relation souvent très conflictuelle avec les professionnels de l’immobilier: le congrès de la Fnaim (Fédération nationale de l’immobilier) en décembre 2013. Par crainte de voir la ministre chahutée par ses adhérents, le président de l’époque, Jean-François Buet, a tout bonnement annulé l’invitation de Cécile Duflot qui avait été invitée l’année précédente. Résultat: c’est le délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement Alain Régnier qui a subi les huées et les sifflets à sa place. Les participants n’avaient qu’un mot à la bouche ce jour-là: loi Alur.

Cette loi, adoptée trois mois plus tôt en première lecture à l’Assemblée nationale (et qui le sera définitivement en février 2014) prévoyait notamment un encadrement et une garantie universelle des loyers mais aussi un plafonnement des honoraires des agents immobiliers qui ont vu rouge. Le jour du congrès de la Fnaim en 2013, ils n’ont pas hésité à brandir un carton jaune à l’intention de Cécile Duflot (voir la vidéo ci-dessous). Selon eux, l’encadrement des loyers rompt la liberté des loyers et refroidit les investisseurs qui se détourneront de l’immobilier. Le gouvernement, quant à lui, voulait faire payer les «mauvais» propriétaires qui cherchent à fixer le loyer le plus haut possible. Chacun y est allé de son étude pour montrer que le dispositif fait fuir les investisseurs (Fnaim, novembre 2016) ou qu’une part trop élevée de loyers est hors-la-loi à Paris (CLCV, novembre 2015).

Autre loi qui est loin d’avoir fait l’unanimité: le dispositif de défiscalisation qui facilite l’investissement dans l’immobilier locatif. Prenant la suite du dispositif Scellier, cette mesure a été rebaptisée par les promoteurs immobiliers «Duflop». Jugé trop encadré, trop rigide, trop instable, il requiert des conditions quasi impossibles à réunir pour assurer une rentabilité correcte, estiment-ils. Moins de deux ans après son entrée en vigueur, le dispositif sera remplacé par le dispositif Pinel qui a été bien accueilli.

Quatre ans après la démission de Cécile Duflot, le climat est beaucoup plus apaisé avec le gouvernement même si l’encadrement des loyers qu’Emmanuel Macron ne porte pas particulièrement dans son cœur, n’a pas été supprimé par le projet de loi logement présenté mercredi. En revanche, la Fnaim aime à se rappeler aux bons souvenirs de Cécile Duflot… à sa manière. Sur le graphique ci-dessous, la fédération nationale de l’immobilier a voulu montrer l’extraordinaire envolée du nombre de ventes depuis la démission de l’ancien ministre du Logement (1er avril 2014).

Mais l’ancienne députée de Paris a une autre interprétation: les transactions immobilières «ont redémarré dès que la loi Alur (accès au logement et un urbanisme rénové) a commencé à s’appliquer (27 mars 2014)». Et s’amuse de voir que les agents immobiliers pensent toujours autant à elle.

immobilier.lefigaro.fr

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