Secteurs en difficulté, pourquoi la crise perdure

La crise de l’immobilier au Maroc ressemble à plus d’un titre au vécu de l’Espagne en la matière.

Les banques espagnoles sont passées, ainsi que les opérateurs, par des moments difficiles et chacun a pris une partie de la faute, mais l’Espagne savait que, dans tous les cas de figure, la Banque Centrale européenne était à ses côtés.

Au plan national, le secteur immobilier a été très secoué par les conséquences de la crise économique qu’a affecté notre pays et tout particulièrement depuis 2014.

Les responsabilités des opérateurs ne sont certes pas à écarter et plusieurs sont notamment accusés de la « mal-construction » de nombre de leurs réalisations et projets.

Cependant, la responsabilité des banques dans cette crise du secteur immobilier est évidente.

Elles ont massivement soutenu les promoteurs immobiliers allant jusqu’à utiliser des instruments inédits pour leur « tenir la tête hors de l’eau » comme les ventes en réméré et les dations en paiement, au-delà du rééchelonnement de leurs dettes quand elles sont tombées en difficulté.

Mais, les banques n’avaient apparemment d’autres choix, car des risques systémiques pesaient sur le secteur dans son ensemble tant leurs engagements, qui se montaient en milliards de dirhams, étaient trop élevés.

C’est, au demeurant, un exemple qui montre que l’on n’a pas encore fini de résoudre les problèmes du passé.

Cela parce que le secteur bancaire national, contrairement à l’Espagne, ne pouvait et ne peut compter que sur lui-même ! et oblige toujours à rallonger dans le temps la résolution des problèmes…

Or, pour sortir le marché national de l’immobilier de sa crise actuelle, une seule et unique solution s’impose, celle de réduire l’offre sur le marché par un ralentissement de l’activité des sociétés immobilière concernées. D’autant que la confiance des acquéreurs a disparu au vu de la mauvaise qualité générale des constructions, quel que soit le segment d’ailleurs.

C’est également ce qui se passe avec l’aciériste Maghreb Steel qui continue à trainer une dette bancaire de 6 milliards de dirhams sans que les banques ne trouvent de solutions de désengagement.

Mais un rapprochement avec Sonasid est envisagé pour sortir Maghreb Steel de ses problèmes d’endettement structurel.

Parmi les questions qui se posent sur cette opération, l’on se demande si les banques les plus engagées dans les dettes de Maghreb Steel pourraient traduire leurs créances en capital de la nouvelle aciérie.

Il semblerait d’ailleurs que pour Maghreb Steel, c’est déjà le cas et qu’une partie des créances a déjà été transformée en actions, comme cela s’est fait dans la restructuration en Espagne.

Dans ce pays, les banques ont pris des actions en échange de la dette de certaines entreprises, qui ont été introduites en bourse et la valeur cotée a déterminé le niveau de provisions à constituer.

Mais le Maroc n’est pas dans ce cas de figure et chez nous les solutions tardent à s’esquisser et encore plus à se réaliser…

L’économie marocaine en pâtit, car l’absence de contribution de ces secteurs d’activités « malades » ne peut que ralentir la croissance !

Et si les banques peuvent se diversifier dans d’autres champs d’activités en croissance, ces secteurs en difficulté restent handicapés par le poids de leurs dettes bancaires et l’essoufflement de leur activité.

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