L’ambition de l’Exécutif est de proposer une offre de logement de qualité prenant en considération le pouvoir d’achat des différentes classes sociales. La résorption des bidonvilles et des logements insalubres demeure un chantier sans fin.
Dans un contexte marqué par une crise du secteur de l’immobilier, qui se trouve accentuée par une pléthore d’anomalies, le ministre de l’Habitat a présenté, en fin de semaine dernière, son plan d’action en Conseil de gouvernement. Abdelahad Fassi Fihri entame la rentrée ainsi en déclinant les mesures à même de requinquer le secteur. Son approche est locale et vise à proposer une offre de logement de qualité qui prenne en considération le pouvoir d’achat des différentes classes sociales.
Cette feuille de route doit redonner de la vigueur au marché à travers une promotion adéquate, mais aussi améliorer le climat des investissements dans le secteur. Parmi les mesures qui seront déclinées figure la simplification des procédures administratives. C’est justement sur la base d’une réflexion, en mai dernier, mettant à contribution l’ensemble des départements ministériels, institutions, fédérations, banques et experts concernés que la nouvelle approche a été conçue, faisant l’objet d’un consensus. Pas moins de 1.000 participants ont pris part à cet atelier de partage de réflexions. Les nouvelles orientations mettent l’accent sur la qualité en tant que vecteur de confiance dans le produit de logement, que ce soit dans les villes ou dans le monde rural.
Pour ce dernier, l’offre doit désormais prendre en compte les conditions socio-économiques des bénéficiaires. L’enjeu aujourd’hui est de trouver un compromis pour une offre dédiée à la classe moyenne qui n’y trouve toujours pas son compte. Il faudra aussi agir sur la nécessaire imbrication entre l’offre de logement et le respect de l’espace et de la politique de la ville. Car, in fine, la politique de logement ne doit pas se cantonner à pallier le déficit en unités, mais proposer un espace de vie et de production de la richesse. Dans le cas contraire, l’on se retrouvera dans un avenir proche avec des ghettos urbains sans articulation urbanistique aucune. Certes, le secteur du logement n’est pas en crise structurelle, mais il souffre depuis au moins deux ans d’une baisse de la demande et surtout d’une offre qui ne répond que peu aux attentes.
Le dernier rapport de la Cour des comptes en a fait état. En matière de logement social, l’institution de Driss Jettou a pointé du doigt l’absence d’étude préalable à la mise en place des dispositifs, le dysfonctionnement des Partenariats public-privé (PPP) et le manque de coordination voire de cohérence avec les autres programmes d’habitat. La régulation de l’offre en logement social manque aussi de mécanismes adéquats. Résultat: un déséquilibre spatial en matière de production de ce type de logement. Autrement dit, une surproduction dans certaines régions et villes, et un important déficit dans d’autres. Par ailleurs, le principe de mixité en matière de logement peine à être adopté par tous.
La complémentarité urbanistique, qui est à la base de ladite mixité, n’est pas encore à l’ordre du jour. En tout cas, malgré les insuffisances de la politique de logement, celle-ci aura connu des avancées notables. Et c’est ce que le ministre de l’Habitat a mis en exergue devant ses confrères en Conseil de gouvernement. Il a ainsi relaté la baisse du déficit en logement qui est passé de 1,2 million à 400.000 unités, et émis l’objectif de le réduire à 200.000 en fin de mandat. Concernant la production de logement, son taux a augmenté de 30% par an, ce qui correspond à 144.000 nouveaux logements. Fassi Fihri a par ailleurs indiqué qu’entre 2004 et 2015, les subventions publiques au secteur ont totalisé près de 116 MMDH dont 77,5 MMDH sous forme de dépenses fiscales, tandis que les crédits bancaires ont atteint 7,5 MMDH. La rentabilité au niveau des finances publiques a été au rendez-vous avec 168 MMDH, montant assorti de la création de 150.000 emplois. Les recettes fiscales ont, quant à elles, été multipliées par trois.
Toutefois, le ministre a regretté le fait que malgré les efforts déployés, le programme Villes sans bidonvilles n’ait pas connu d’avancée réelle. Car, alors que la résorption des bidonvilles se poursuit par endroits, d’autres bidonvilles et logements insalubres pullulent. Il ne faut pas non plus perdre de vue le déficit en logement urbain, qui a atteint 47.000 unités.
Devenir propriétaire, toujours un rêve ?
Il y a deux ans, le ministère de l’Habitat a publié une enquête sur la demande en logement. Les résultats ont permis de cerner les besoins différenciés des Marocains, dont 87% optaient pour l’achat, tandis que 13% privilégient la location. Toutefois, en seulement deux années, ces chiffres on reflété une réalité qui, semble-t-il, change à vitesse grand V. Les Marocains rêvent certes de devenir propriétaires, mais ils exigent aujourd’hui que leurs attentes en termes de qualité et d’ouverture sur des espaces de vie soient respectées. Il faut aussi prendre en considération le fait que cinq régions drainent 77,8% de la demande globale. En découle ce déséquilibre que le ministère ainsi que ses institutions et organismes de promotion immobilière veulent redresser, mais sans résultat probant pour l’instant.