Pas d’effet Ramadan pour les banques participatives

Selon les banques participatives sondées, l’activité n’a pas connu de sursaut au cours du mois sacré. Mais de manière générale, l’engouement pour l’ouverture de comptes ainsi que pour la Mourabaha immobilière et automobile est grandissant.

Certaines banques participatives comme Bank Assafa et Umnia Bank ont lancé des campagnes de communication grand public à l’occasion du Ramadan. Le mois sacré est-il censé être bon pour les affaires de ces établissements?

Selon les patrons de banques participatives que nous avons pu joindre, il n’y a pas eu de pic d’activité. «Il n’y a pas eu de variation particulière de l’activité commerciale. C’était un mois normal. L’attractivité des banques participatives est permanente, elle n’est pas censée augmenter spécialement pendant le Ramadan», déclare Youssef Baghdadi, DG de Bank Assafa.

Même son de cloche du côté de Adnane El Gueddari, DG d’Umnia Bank: «Il n’y a eu ni plus ni moins d’activité, le rythme est resté assez constant». Et d’ajouter: «On ne s’attendait pas à un engouement particulier pendant le Ramadan puisqu’il ne s’agit pas de produits de grande consommation. Il s’agit de produits dont la demande est liée aux projets des clients et à leurs contraintes».

Mohamed Maarouf, DG de BTI Bank, confirme: «On n’a pas constaté de mouvement exceptionnel au niveau des demandes de financement ou d’ouverture de comptes».

Cela dit, l’activité «normale» des banques participatives évolue à un rythme jugé favorable par tous les responsables sondés.

Les patrons des banques participatives satisfaits de l’évolution de l’activité

Chez Bank Assafa, qui compte 30 agences opérationnelles et revendique environ 50% du réseau des banques participatives, on assure que le rythme d’activité va crescendo et que de nombreux clients se manifestent. «Il y a de la demande. La campagne de communication que nous avons lancée a eu de l’effet. Les ouvertures de comptes augmentent au même titre que les dossiers Mourabaha immobilière. Ces deux produits vont de pair, la mourabaha immobilière étant un fort produit d’appel», précise M. Baghdadi.

Concernant la Mourabaha automobile, lancée à l’occasion de l’Auto Expo 2018, le DG affirme qu’il y a un intérêt grandissant et que des centaines de déblocages de fonds ont eu lieu.

Pour M. El Gueddari, «L’activité évolue conformément aux prévisions, on est satisfait de l’intérêt que porte le public pour la finance participative en général et pour notre banque en particulier».

Et d’ajouter: «L’intérêt porte aussi bien sur le financement immobilier qui évolue toujours à un rythme assez soutenu, que sur le financement automobile qui démarre bien depuis le salon Auto Expo. Nous avons réussi à impulser un bon rythme après le salon, les gens nous ont identifiés comme une banque capable de les accompagner dans l’acquisition de leurs voitures».

Le DG d’Umnia Bank dit avoir dépassé plusieurs centaines de voitures financées grâce à la Mourabaha Automobile. Pour la Mourabaha immobilière, près de 2.000 demandes ont été reçues dont près de 50% ont été financées.

De leur côté, les ouvertures de comptes se multiplient chez Umnia Bank qui comptera 19 agences à la fin du mois de juin (16 actuellement). Et son management affirme que ce n’est pas uniquement dû à l’attractivité du financement Mourabaha.

«Les gens viennent nous voir, ouvrent des comptes, domicilient leurs salaires, prennent nos produits monétiques, sans nécessairement solliciter un financement. Même si la Mourabaha reste un produit d’appel, les ouvertures de comptes sont bien supérieures aux demandes de financements», ajoute M. El Gueddari.

M. Maarouf précise pour sa part que le niveau d’activité est très respectable pour un secteur jeune. «Les demandes de financement concernent tous les segments de l’immobilier. Nous avons signé des conventions avec les principaux promoteurs immobiliers de la place. Pour la Mourabaha Automobile, la demande s’accélère depuis l’Auto Expo».

Process plus fluide pour la Mourabaha immobilière

L’assouplissement des procédures contribue également au développement de l’activité des banques participatives, notamment dans la partie financement.

Pour le DG d’Umnia Bank, «il y avait des complications au début pour la Mourabaha immobilière, mais c’est plus fluide maintenant. C’est normal, il fallait que tout le monde s’adapte (notaires, conservation foncière, administration fiscale…). Nous-mêmes, nous devions travailler sur nos processus».

Et d’ajouter: «Pour des clients dont les dossiers ne présentent aucun problème, le traitement peut désormais se faire en deux semaines».

Il reste le cas du financement du logement social. «La Mourabaha pour le logement social est en cours de finalisation, on est en train d’apporter les dernières touches au dispositif. Ce segment est assez particulier avec des procédures à respecter, on doit verrouiller le dispositif pour ne pas laisser le client otage des procédures avec le notaire, l’administration fiscale», dit le patron de Bank Assafa.

M. Maarouf ajoute que «dans la Mourabaha, c’est la banque qui achète en premier avant de rétrocéder le bien à son client. Or, elle n’est légalement pas éligible au dispositif du logement social. Il fallait que toutes les parties intègrent les spécificités de la finance participative».

Pour la Mourabaha Automobile, le processus est beaucoup plus fluide, assurent les directeurs contactés.

La Mourabaha Equipement pour très bientôt

Quelle est la prochaine étape pour le secteur? Le patron de BTI Bank, qui compte 5 agences pour le moment, explique que ce qui donne le tempo à cette activité naissante de la finance participative, c’est le lancement de nouveaux produits.

Et le prochain sur la liste est la Mourabaha Equipement (particuliers et entreprises). «Chez BTI Bank, le produit est déjà prêt et est en cours de lancement officiel. Tout est bouclé sur le plan réglementaire», précise M. Maarouf.

Suivront les produits “Ijara mountahia bi tamlik” et les dépôts d’investissement. «Ça va se faire très prochainement», affirme M. Baghdadi.

Le DG d’Umnia Bank affirme que pour Ijara, la profession en est à la dernière étape de finalisation avec le Conseil supérieur des Oulémas. «Le produit est attendu avant la fin de l’année. Pour les dépôts d’investissement, on espère leur arrivée d’ici cette échéance également».

Pour sa part, M. Maarouf estime que «nous sommes sur le bon trend. Nous aurons des nouveautés avant les vacances. On espère que d’ici la fin de l’année l’essentiel de l’écosystème sera mis en place».

Justement, le lancement des Sukuk souverains, instrument nécessaire pour compléter l’écosystème, est attendu dans quelques semaines, comme annoncé par le ministre de l’Economie et des Finances.

Mais les opérateurs manquent de visibilité concernant l’assurance Takaful, autre composante importante de l’industrie participative. «Je crains fort que ça soit un peu tard pour un lancement cette année», conclut M. El Gueddari.

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