Logement social: Les réserves de la FNPI sur les aides directes

Il s’agit d’un véritable tournant dans la politique de logement. Le ministre délégué auprès de la ministre de l’Économie et des Finances chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, a affirmé que l’aide de l’État pour le soutien prévue dans le projet de la loi de finances (PLF) de l’année 2023 vise à dynamiser le secteur immobilier (voir L’Economiste du 28 octobre 2022).

Intervenant lors d’un point de presse pour la présentation de ce PLF, Lekjaa a souligné que la démarche du gouvernement se base sur l’encouragement de la demande à travers une aide directe aux familles souhaitant acquérir un logement. Il s’agit d’un soutien direct surtout à la classe moyenne, pour les logements ne dépassant pas 300.000 dirhams, a-t-il précisé, notant que cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une logique orientée davantage vers l’aide financière directe ciblée pour les ménages. Lekjaa a, en outre, fait savoir que cette nouvelle mesure a aussi pour but d’assurer un usage efficient et ciblé des ressources de l’État, en plus de donner au secteur un élan important sur les plans économique et social.

«Nous aimerions savoir sur quelle base le gouvernement a-t-il calculé ce plafonnement», nous explique Anis Benjelloun, vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). Selon lui, il sera impossible, dans les conditions actuelles du marché, de produire des logements à ce prix. Selon notre interlocuteur, le prix du foncier et celui des matériaux de construction ont atteint des niveaux inégalés sur les 10 dernières années.  Ce qui a un impact visible sur les actifs.

Au deuxième trimestre de 2022, l’indice des prix des actifs immobiliers ressort en hausse de 0,2%, en lien avec l’augmentation de 0,3% des prix du résidentiel, de 0,1% de ceux des terrains et de 1,1% de ceux des biens à usage professionnel. En parallèle, le nombre de transactions a connu un accroissement de 4,6%, recouvrant une hausse de 8,1% pour les biens résidentiels et des baisses de 3,7% pour les terrains et de 1,9% pour les biens à usage professionnel.

En glissement annuel, l’indice des prix des actifs immobiliers s’est apprécié de 0,4% par rapport à T2-2021, résultat de la hausse de 1,8% des terrains et des diminutions de 0,2% du résidentiel et de 0,4% des biens à usage professionnel. Pour ce qui est du nombre de transactions, il a baissé de 22,5%, en liaison avec le repli de 20,4% des ventes des biens résidentiels et de 37,7% des terrains. En revanche, les ventes des biens à usage professionnel ont progressé de 7,2%. «Il faut avant tout viser la classe via un programme défini», indique Anis Benjelloun.

Selon lui, il faut booster la demande via un partenariat public-privé avec les opérateurs, et définir des prix au mètre carré, et non pas des prix forfaitaires qui imposent des contraintes difficiles aux promoteurs. «Ce partenariat permettra à l’Etat de produire lui-même les logements et de définir une gamme de prix qui arrange les opérateurs et est en accord avec la finalité sociale de cette politique», conclut Benjelloun.

Toujours est-il qu’une question demeure en suspens: cette initiative concerne-t-elle également la résorption de l’habitat insalubre?

Historique

Les interventions de l’Etat dans le secteur de l’habitat ne sont pas récentes. Depuis plus de vingt ans, des programmes et des dispositifs d’action sont apparus dans le champ des politiques gouvernementales dédiées au logement, accentuant ainsi son caractère social. Tout d’abord de façon directe, au début des années quatre-vingt à travers la production par les établissements publics sous tutelle du département chargé de l’Habitat des lots économiques sur le foncier public, pour la promotion de l’auto-construction. Ensuite de façon indirecte, avec la loi de finances de 1999-2000 qui a pour la première fois évoqué le concept de logement social, comme étant un logement subventionné. Depuis lors, des dispositifs se sont succédés, et ont connu au fil des années des aménagements marquant l’inflexion de l’action publique en faveur de la promotion de l’offre de logement social. Ainsi, un dispositif de logement social pour la promotion d’un produit à 140.000 DH TTC a été mis en place sur une période allant de 2008 à 2012. Par la suite, en 2010, un autre dispositif à 250.000 DH HT a été instauré à l’horizon 2020, l’accent a été davantage mis sur l’augmentation de la production de logements sociaux selon des caractéristiques techniques spécifiques. Des ajustements et de aménagements ont été par la suite opérés dans différentes lois des finances en termes de spécifications techniques, de conditions d’exonérations fiscales, etc.

Les matériaux de construction inaccessibles

Les prix des matériaux de construction atteignent des niveaux stratosphériques. Le rond à béton est passé de 6200 DH/T à 14.000DH, soit une augmentation de 200%, la brique rouge a également connu un accroissement de sa valeur (1,10 à 2 dh l’unité).  Le bois rouge, qui était de 52 dh le mètre linéaire, en vaut désormais 220. Plus encore, le verre est passé de 40 dirhams le mètre carré à 200 DH pour le même ordre de grandeur. La tubulure en PVC pour la canalisation et le cuivre pour l’électricité ont également connu une augmentation de 50%. Sans parler du ciment et du béton prêt à l’emploi qui a atteint 880 DH/T contre 720 DH auparavant.

Source : www.leconomiste.com

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