Le projet immobilier qui affole la maison médicale de Crépy-en-Valois

Fragilisée par le départ de médecins, la maison médicale commençait à sortir la tête de l’eau. Elle a engagé des travaux de rafraîchissement et réduit ses charges. Mais un projet immobilier inquiète ses occupants.

« Farfelu », « aberrant », « scandaleux ». Les qualificatifs ne manquent pas pour désigner le projet immobilier, composé de logements, présenté par un promoteur à la ville de Crépy-en-Valois. Celui-ci concerne une propriété de 7300m², à vendre depuis plusieurs années, située derrière la maison médicale. Les occupants de cette dernière s’inquiètent, tout comme l’association Crépy Environnement qui demande que le permis de construire soit refusé.

« On ne peut pas admettre ce projet, peste Yves Mouny, le président de l’association. La propriété est située dans une enclave. Les personnes qui y résident ont une servitude de passage sur le parking de la maison médicale, leur seul accès. » Pour mener à bien son projet, le promoteur aurait envisagé d’élargir ledit passage. « On n’aurait plus de parking, souligne le Dr Yvon Dahan. Cela occasionnerait une gêne terrible dans notre travail. »

Un premier projet refusé
Pour Yves Mouny, un autre problème se pose : l’engorgement de l’avenue de Senlis. Cette départementale, fréquentée par près de 7 000 véhicules chaque jour, devrait supporter l’arrivée d’une centaine de véhicules supplémentaire. « Et pendant la durée des travaux, ça va être le chaos. Les engins vont tout casser », prévient-il.

La mairie a conscience de toutes ces questions qui se posent. « Nous avons refusé ce qui nous a été présenté car il y avait trop de logements, souligne Bruno Fortier, le maire (SE) de Crépy-en-Valois. Le promoteur doit revenir nous voir. »

« On cherche à nous faire partir, ce n’est pas possible autrement »
Quoi qu’il en soit, pour Yvon Dahan, cette situation « n’encourage pas à faire venir de nouveaux médecins » dans la cité de l’archerie. Pire, elle aggrave la situation de la maison médicale, déjà fragilisée depuis des années par le départ des spécialistes et généralistes. « On cherche à nous faire partir, ce n’est pas possible autrement, se désole-t-il. On a été obligé de licencier nos deux secrétaires pour réduire nos charges car la mairie n’a pas souhaité nous aider (lire encadré). Cela engendre des tâches administratives supplémentaires pour les praticiens. Nous sommes donc moins disponibles pour nos patients alors que l’on est déjà moins nombreux. »

En effet, en août prochain, la maison médicale ne comptera plus que 5 médecins généralistes. « On veut faire venir des nouveaux habitants alors qu’aucun médecin n’accepte de nouveaux patients », râle le médecin. Le cœur lourd, lui et ses confrères tentent de rester positifs. Ils ont entrepris des travaux de rafraîchissement dans certains cabinets et quelques salles d’attente.

Un pôle de santé prévu : une autre menace
La polyclinique Saint-Côme de Compiègne n’est pas revenue sur son engagement. Elle compte bien créer un pôle de santé à Crépy-en-Valois, en « soutien de la mairie ». Celui-ci sortira de terre sur un terrain communal situé face à la nouvelle gendarmerie. Il devrait se composer d’une pharmacie, d’un laboratoire, d’un centre de dialyse et d’une radiologie en plus des cabinets pour spécialistes et généralistes.

Le Dr Yvon Dahan, installé dans la maison médicale, regrette qu’il n’y ait eu aucune concertation avec les médecins déjà implantés. « Pourquoi ne viennent-ils pas avec nous ? Il y a de l’espace. Si on les rejoint, la maison médicale actuelle va disparaître. Que va-t-elle devenir ? Des logements ? »

La ville a toujours refusé de soutenir la maison médicale, prétextant que de l’argent public ne peut aller dans une entité privée. « A Crépy, le cinéma et la piscine ont été réalisés avec de l’argent public », rappelle le Dr Yvon Dahan.

leparisien.fr

Commentaire

mood_bad
  • Aucun commentaire.
  • Ajouter un commentaire