Si le déficit en logements a été ramené à 400.000 unités en 2017, le programme du logement social s’essouffle. La relance du dispositif impose une refonte totale du secteur.
Le Maroc a réalisé d’énormes progrès en matière d’habitat. Cependant, aujourd’hui, de nombreux chantiers s’essoufflent. Dans son édition du jour, L’Economiste estime qu’il devient donc nécessaire de «mettre en place une nouvelle méthodologie de l’intervention publique dans l’acte de bâtir».
Selon le journal, les premières mesures devraient voir le jour avant fin 2018, histoire de «sortir le secteur de l’immobilier d’une léthargie qui dure depuis plus de 5 ans déjà». Il faut dire que les objectifs de départ n’ont pas été atteint. Ceci dit, il convient de rappeler que le déficit en logements a été réduit de moitié pour se fixer à près de 400.000 unités en 2017, grâce à la diversification et l’intensification de l’offre, avec une production annuelle de 160.000 unités. Cette production est surtout constituée de logements sociaux ayant bénéficié d’un dispositif fiscal incitatif qui approche, d’ailleurs, de sa fin. D’où la nécessité, avance le journal, de «réfléchir à un autre programme structurant (classe moyenne, locatif social, logement abordable…)».
Il faudra, en effet, rectifier le tir, le logement destiné à la classe moyenne n’ayant pas séduit les promoteurs immobiliers qui demandent une refonte de ce dispositif qui a abouti à la construction de 600 unités tout au plus. Le journal affirme que les promoteurs immobiliers «veulent reconduire les mêmes avantages avec quelques petits ajustements sur, notamment, la verticalité qui créerait une forte densité et le surpeuplement, en négligeant les espaces verts ou encore le confort des habitants».
La hausse du financement est l’une des réalisations du secteur. Les encours des crédits à l’immobilier ont quasiment été multipliés par 10, pour dépasser les 257 milliards de dirhams en 2017. Cela a été favorisé par le boom du secteur sur la décennie 2001-2012, ainsi que par l’introduction de la titrisation qui a permis la réalisation de 12 opérations portant sur un total d’actifs de 12 milliards de dirhams, dont 75% concernent des créances immobilières.
L’habitat rural a, en revanche, été oublié. Il y a une «absence de stratégie cohérente de développement du monde rural». La gestion de ces espaces s’est d’ailleurs faite de manière chaotique par les différents départements, en fonction de leurs prérogatives, leurs priorités et leurs plans de financement propres.
L’Economiste relève, par ailleurs, l’incohérence et la non-convergence des politiques publiques menées dans les villages et en rase campagne, ainsi que l’absence de concertation avec la population concernée par ces projets.