Immobilier : manifestation d’ampleur en Allemagne contre les prix des loyers

Alors que l’on nous rabat souvent les oreilles du soi-disant modèle économique allemand, nous laissant ainsi entendre que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes outre Rhin, tout ne semble pas aussi rose qu’on voudrait bien nous faire croire.

Des milliers de personnes ont en effet manifesté samedi à Berlin à l’appel de plus de 250 associations en vue de dénoncer la “folie des loyers” dans les grandes villes d’Allemagne.

Entre 10.000 personnes selon la police et 25.000 personnes selon les organisateurs ont ainsi souhaité montrer leur mécontentement et leur désapprobation face à l’envolée des prix de l’immobilier dans les milieux urbains. Redoutant l’exclusion des plus modestes du centre-ville vers la périphérie.

Selon l’agence de presse allemande DPA, il s’agit de la plus importante manifestation contre la hausse des loyers. L’agence précisant que le phénomène frappe tout particulièrement Berlin.

Répondant à l’appel de plus de 250 associations pour la “Résistance contre l’exclusion et la folie des loyers”, les manifestants ont défilé dans les quartiers de Schnöneberg et de Kreuzberg, dans le centre de Berlin, munis de pancartes incitant les propriétaires à ne pas prendre les locataires pour des citrons ou appelant à l’expropriation face à la hausse des loyers.

Ils ont également appelé le gouvernement à mettre en œuvre une plus forte régulation d’un marché du logement. Estimant qu’à l’heure actuelle, le système favorisait la spéculation et empêchait la construction de logements.

L’un des organisateurs a indiqué pour sa part que le droit à un logement n’était plus accessible depuis longtemps pour beaucoup de gens.

Cette manifestation de grande ampleur voit le jour alors qu’après avoir été longtemps une ville bon marché, Berlin est devenue ces dernières années le symbole de la hausse fulgurante des loyers en Allemagne.

Le nombre des Berlinois augmente en effet de 50 000 par an depuis dix ans et la capitale allemande est devenue le lieu d’une intense spéculation immobilière y compris de la part d’investisseurs étrangers attirés par la hausse des prix. La Banque centrale allemande estime pour sa part que les prix des propriétés sont surévalués de 15% à 35% dans certaines villes allemandes, redoutant l’éclatement d’une bulle immobilière.

Jusqu’à récemment, l’immobilier était bien meilleur marché que dans les autres capitales européennes. À quoi bon acheter son appartement quand les loyers ne coûtent pas cher ? Un raisonnement qui a conduit nombre de berlinois à privilégier la location plutôt que l’achat …. conduisant à la situation actuelle, amplifiant l’ampleur du phénomène de mécontentement. Il y a quelques mois encore, seulement 15 % des Berlinois étaient propriétaires de leur logement, contre près de 50 % des Londoniens et plus de 30 % des Parisiens.
Mias en février 2017, Bloomberg alertait déjà sur un changement de situation. Précisant alors que les prix des appartements avaient augmenté de 24 % en un an, les prix des loyers progressant quant à eux de 10 %.

Dans les quartiers centraux et branchés comme Mitte, Friedrichshain ou Kreuzberg (où vivent beaucoup d’expatriés), le prix au mètre carré s’établissait début 2017 bien au-dessus des 4 000 euros. Soit presque deux fois plus qu’en 2012.

“Les prix vont probablement continuer à augmenter. Avec des emplois abondants et une économie en bonne forme, les Allemands se sentent plus riches”, écrivait alors le journaliste de Bloomberg. Ajoutant néanmoins que cette tendance comportait un risque pour le dynamisme et la créativité de la ville. « Berlin est un hub de start-up, mais beaucoup d’autres villes européennes tentent d’attirer les jeunes talents. Si les loyers et les prix montent encore, la ville va perdre un de ses principaux attraits : un coût de la vie plutôt bas et beaucoup de logements bon marché » affirmait-il alors.

Selon une étude publiée la semaine dernière par la fondation allemande Hans-Böckler, 1,9 millions de logements abordables en Allemagne manqueraient à l’appel, dont 310.000 à Berlin.

Une autre étude menée par le cabinet de conseil britannique Knight Fox, que la ville se situe à l’heure actuelle au premier rang mondial de la plus forte hausse des prix de l’immobilier, avec un bon de 20,5% entre 2016 et 2017.

Depuis 2004, les prix ont flambé dans la capitale allemande, s’envolant de 120% . Reste toutefois que Berlin qui reste toutefois moins chère que Londres ou Paris.

Sources : AFP, DPA, RFI, Bloomberg, leblogfinance.com

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