L’exploitant du site et la Ville, propriétaire, ne se parlent plus que par avocats interposés. Le château doit pourtant être cédé à un milliardaire américain, début avril.
Le lundi de Pâques s’annonce frisquet au château de la Perrière. Ce jour-là, si tout se passe comme l’espère Marc Laffineur, le maire (divers droite) d’Avrillé, ce prestigieux site chargé d’histoire, ainsi que son golf, seront officiellement cédés à un milliardaire américain, Zaya Younan. Cet homme d’affaires, amoureux de l’Histoire de France, s’est en effet porté acquéreur de cet ensemble pour 2,3 millions d’euros, en fin d’année dernière.
Mais avant qu’il n’ajoute un nouveau château français à sa coquette collection, il faudra que l’actuel gérant ait quitté les lieux. En l’occurrence, la Société d’exploitation des Garden resorts (SEGR), présente depuis plus de dix ans, avec une dizaine de salariés. Et cette étape est loin d’être actée. « Il est évident qu’on ne sera pas parti dans trois semaines, puisque rien n’est réglé entre la Ville, qui est propriétaire, et nous », assure Hadrien Ormières, président de la SEGR.
Les relations sont très tendues depuis plusieurs années, pour cause de loyers impayés (plus de 200 000 €), notamment. Fautive, la SEGR ? « Je rappelle que le conseil municipal s’est appuyé sur l’article 25.2 du contrat, qui correspond à une résiliation sans faute, ouvrant droit à une indemnité au profit de l’occupant »,constate Hadrien Ormières. Même s’il a engagé un recours pour contester la légalité de la résiliation, il estime que, quoi qu’il arrive, la Ville lui devra donc de l’argent. « 2 304 177 € », au minimum, annonce-t-il dans un courrier envoyé au maire. Une somme qui correspond – drôle de hasard – au prix du château vendu à Zaya Younan.
« Ce sont des indemnités non fondées, il ne donne aucune explication, balaie Marc Laffineur. Ces lettres transmises à tout le monde pour faire pression sur les élus montrent la façon de travailler de la SEGR. Mais ce n’est pas ça qui va me faire changer d’avis. »
Le maire d’Avrillé affiche une confiance d’airain. Pourtant, le recours engagé contre la décision du conseil municipal ouvre potentiellement la voie à des indemnités plus importantes pour la SEGR. Mais ça ne l’inquiète pas non plus. « Il n’y a pas eu de rupture de contrat. Nous avions la possibilité légale de rompre la convention avec un préavis de six mois. Nous pensons qu’il n’y aura aucune indemnité à verser, nos avocats aussi. Nous ne pensons pas non plus que le recours contre la délibération aboutira. Il n’y a pas de problème. »
Hadrien Ormières, de son côté, veut forcer la reprise d’un contact. Il indiquait en début de semaine vouloir saisir un juge des référés afin d’obliger la Ville « à reprendre des relations contractuelles, dans l’attente du jugement ».
Prochaine étape, vendredi 23 mars. Le conseil municipal se réunit pour autoriser le maire à signer le compromis de vente du château. Dix jours plus tard, la SEGR devra faire ses cartons. Un calendrier peu crédible. « Nous sommes en train de préparer la continuité pour le personnel, conclut Marc Laffineur. C’est en bonne voie, et nous ferons tout pour qu’il n’y ait pas de période de transition. »