Saâd-Eddine El Othmani ne cache pas son insatisfaction de voir que certaines déficiences entravent la réussite de la politique de réalisation de programmes de logement, particulièrement social, devant offrir un cadre de vie répondant aux aspirations des citoyens.
Les promesses de nouveaux logements faites aux Marocains se sont-elles finalement envolées ? S’il est peut-être trop tôt pour apprécier le programme de construction de logements autour des principales agglomérations urbaines, dans l’objectif d’organiser la croissance des grandes agglomérations du pays et de répondre à une part significative de la croissance démographique, un constat s’impose. L’engouement qui a entouré le lancement de ce vaste chantier semble s’estomper. Le chef de gouvernement, qui s’interrogeait, mardi à Rabat, sur les raisons qui ont empêché d’atteindre les objectifs des programmes «villes sans bidonvilles», des logements sociaux et des logements destinés à la classe moyenne, ne nous contredira pas.
Pour Saâd-Eddine El Othmani, qui ne cache pas son insatisfaction de voir quelques déficiences entraver la réussite de certains programmes, il est important de concevoir une approche consultative et participative dans l’élaboration des nouveaux programmes de logement pour définir les besoins, proposer des projets utiles et réalisables et mettre fin aux goulots d’étranglement de l’offre d’habitat, particulièrement social, de sorte à offrir un cadre de vie répondant aux aspirations des citoyens. Un grand nombre d’objectifs fixés n’ont pas encore été atteints, et ce, malgré les énormes efforts fournis par l’actuel et les anciens gouvernements, a constaté El Othmani, qui a présidé ce mardi, au sein de la capitale administrative, la réunion du Conseil de surveillance du groupe Al Omrane.
Ce dernier s’est vu confier la gestion de quatre villes nouvelles des cinq prévues, à savoir Tamansourt, aux environs de Marrakech; Tamesna, à côté de Rabat; Chrafate, aux portes de Tanger; et Lakhyata, au sud-ouest de Casablanca. En effet, pour trouver une solution à la forte demande en logements dans certaines régions et décongestionner les grandes agglomérations, l’État marocain n’a ménagé aucun effort. Eu égard à ses dimensions socio-économiques, le secteur de l’habitat a bénéficié de nombreux privilèges. Simplifications des procédures, mobilisation du foncier public, importantes incitations fiscales au profit des promoteurs immobiliers et aux acquéreurs immobiliers, création d’un fonds dédié à l’habitat… La liste n’est pas exhaustive. Seulement voilà: selon certains détracteurs, les personnes-cibles ne sont pas satisfaites de l’offre. Elles se sentent d’ailleurs piégées, ne pouvant ni y habiter, ni les revendre. Dès lors, pour le chef de gouvernement, il faut explorer les solutions possibles, y compris le réexamen de l’approche adoptée dans l’élaboration des programmes de logement afin d’asseoir une justice sociale et spatiale et offrir un cadre consacrant le droit constitutionnel à un logement décent, garantissant aux citoyens stabilité et dignité. Une condition cependant: cette nouvelle directive doit être prise en compte dans le plan d’action de l’exercice 2019 du bâtisseur public, dont le bilan provisoire des réalisations au titre de 2018, relatif aux différents programmes d’habitat, a été présenté ce mardi à Rabat lors de la rencontre à laquelle étaient présents le ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, le ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur et la secrétaire d’État chargée de l’Habitat.
Néanmoins, il faut souligner que le chef de gouvernement a salué la sortie, pour la première fois en 2018, du groupe Al Omrane sur le marché financier national à travers l’émission d’emprunts obligataires et d’obligations vertes et sociales. Il a aussi salué les efforts de tout le personnel du groupe, invitant les intervenants concernés par cette institution publique à caractère transversal à fournir davantage d’efforts dans le cadre d’une approche globale qui comprend les plus hauts niveaux de coordination, de travail participatif et de convergence des efforts. Le but est de mettre en œuvre tous les projets, avec à leur tête les programmes présentés au roi Mohammed VI, mais aussi les grands programmes publics, notamment le programme des villes sans bidonvilles, le programme de réhabilitation et de mise à niveau urbaine, le programme de création de pôles et le programme des nouvelles villes.
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