Il regroupera la construction, le BTP et l’industrie des matériaux de construction
Objectif: création de 200.000 emplois à fin 2030
Des négociations avancées entre l’Habitat et l’Industrie pour peaufiner cette stratégie
Délais de paiement jusqu’à 11 mois, 16% de défaillances d’entreprises, retards de la commande publique, baisse des ventes immobilières… La morosité bât son plein dans le secteur du bâtiment et travaux publics. Après moult réflexions, les ministères de l’Industrie et de l’Habitat planchent ensemble sur une stratégie de relance du secteur.
Cette dernière se traduira bientôt par la mise en place d’un méga-écosystème intégré dédié à la construction et au logement. Il vise la création de 200.000 emplois à fin 2030. «Les matériaux de construction sont en train de repartir. Nous avons déjà un écosystème qui est prêt pour le secteur.
Actuellement, je suis en contact avec le ministre de l’Habitat pour le revoir et le peaufiner ensemble. Certes, la partie industrie est minime, mais il faut redémarrer toutes les chaînes pour relancer la vente des logements et des matériaux de construction et booster également la production locale», soutient Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie et du Commerce.
Le nouvel écosystème regroupera 3 composantes dont chacune sera déclinée en filières: construction, BTP et industrie des matériaux de construction. Pour y arriver, les organisations professionnelles (FNBTP, FMC et FNPI) ont transmis aux ministères concernés leurs avis. «Le dernier conseil d’administration a approuvé l’adhésion de la fédération à cet écosystème et les statuts y afférents», confie à L’Economiste Kamal Taoufiq, président de la FNPI.
Deux vice-présidents ont été proposés en tant que membres permanents de cet écosystème. Il s’agit de Rachid Khayatey (KLK) et Abderrazak Waliallah (Alliances). Le nouveau ministre de l’Habitat a donc du pain sur la planche. Outre ce chantier, il devra concocter une stratégie de relance du secteur de l’immobilier. La FNPI devra d’ailleurs lui remettre un mémorandum de relance avant fin avril. Dispositif pour classe moyenne, offre locative, élévation… tels sont les grands axes des doléances des promoteurs immobiliers.
La redynamisation de ce chantier intervient à un moment où le secteur est en pleine morosité. En attendant, les professionnels restent confiants. «Nous avons l’engagement du ministre de l’Industrie et j’espère que nous pourrons faire aboutir cet écosystème dans les meilleurs délais. Si nous arrivons à le finaliser en 2018, ce serait une bonne performance», fait valoir David Toledano, président de la Fédération des matériaux de construction (FMC).
Certains industriels se tournent de plus en plus vers l’export pour écouler leurs stocks, notamment les cimentiers (clinker) et même les sidérurgistes (acier vers le marché US). En face, les producteurs des carreaux et du marbre demandent des mesures de sauvegarde anti-dumping.
Les cimentiers, quant à eux, manquent encore de visibilité. Ils attendent le mois de juin avant de se prononcer. Quant aux ventes du ciment, à fin mars, elles ont baissé de 7% au cours du premier trimestre. Ce fléchissement est dû à la forte pluviométrie qui a provoqué l’arrêt des chantiers. Autre facteur aggravant: la reprise des chantiers des infrastructures et de l’auto-construction n’était pas au rendez-vous au cours du dernier trimestre.
Super-structure
Ce super-écosystème remplacera et complètera l’écosystème construction dont les conventions ont été signées en 2016, mais qui tardait à être mis en place. L’ancienne version devait regrouper cinq filières (préfabriqué, céramique, marbre, acier, ciment) et contribuer, d’ici 2020, à créer 28.000 emplois industriels additionnels pérennes dont 16.000 directs. Les objectifs fixés, dans le temps, étaient de générer 10,1 milliards de DH de chiffre d’affaires additionnel et de créer 2,9 milliards de DH de valeur ajoutée industrielle supplémentaire. Par ailleurs, l’écosystème, chapeauté par la FMC, devait réaliser plus de 4,8 milliards de DH d’impact positif sur la balance commerciale dont 3,5 milliards liés à l’export et 1,3 milliard à la substitution de l’import. Les professionnels se sont engagés à apporter un investissement de près de 2,75 milliards de DH dans le secteur. Le développement de cet écosystème intégré vise à relever les enjeux liés à l’industrialisation des filières, à l’amélioration de la compétitivité à l’import/export et à la réduction de la facture énergétique des acteurs (valorisation de la biomasse et des déchets ménagers). Autre objectif: combler les carences du secteur, notamment la faible valorisation de certaines activités, l’inadéquation formation/emploi et le manque d’innovation dans les produits de construction.