Abdelahad Fassi Fihri: “Il n’y a pas réellement un stock d’invendus de logements sociaux”

La relance du secteur immobilier préoccupe au plus haut degré le ministère de l’Habitat qui organise jusqu’au 10 mai une série de rencontres avec les parties prenantes pour se concerter sur les mesures à prendre. Le segment social, pilier du secteur, connaît un certain essoufflement et plusieurs promoteurs affirment avoir du mal à écouler leurs stocks. Contacté par Médias24, le ministre de l’Habitat Abdelahad Fassi Fihri tient à apporter des éclaircissements.

“En vue de vérifier certaines idées reçues sur les programmes de logements sociaux (à 250.000 DH et ceux à 140.000 DH), le ministère a entrepris l’évaluation de ces programmes dont les résultats n’ont pas démontré l’existence réelle d’un stock d’invendus», affirme d’emblée le ministre. Et d’ajouter: “Selon les promoteurs immobiliers, la cadence de commercialisation a ralenti, ce qui a changé la dynamique et la perception de ce segment dans le marché”.

M. Fassi Fihri souligne que la production de logements à 250.000 DH a certes dépassé l’objectif tracé au départ (366.462 unités achevées à fin 2017 contre une cible de 300.000 à l’horizon 2020). Mais “cet objectif de départ ne correspond plus à la réalité actuelle du marché, puisque la demande en logements sociaux est de l’ordre de 41% de la demande nationale (qui est de 1.5 million d’unités), selon l’enquête nationale sur la demande en habitat réalisée en 2015”, précise-t-il.

Autrement dit, le besoin dans ce segment s’élève, selon le ministère, à plus de 600.000 logements, un niveau qui correspond au volume des unités achevées et en cours de construction (programmes à 250.000 DH et à 140.000 DH).

Notons que le président de la FNPI (fédération des promoteurs) et le patron d’une banque de la place, interrogés dans le cadre d’un précédent article de Médias24 sur le sujet, avaient circoncis le phénomène des invendus à quelques projets mal situés ou mal dotés en équipements, ou encore réalisés dans des régions où la demande est faible. Dans cet article, toutes les parties avaient affirmé que l’essoufflement du secteur n’était pas dû à un problème de demande mais à un problème de financement de celle-ci et d’adaptation de l’offre aux besoins.

Quoi qu’il en soit, le ministre reconnaît que la demande a subi des mutations en termes de revenus et d’exigences. “Le ministère étudie les possibilités de recadrage de ces deux programmes pour parvenir à une réadaptation par rapport au type de la demande actuelle en la nuançant, de sorte à faire émerger une nouvelle offre compatible avec le contexte actuel. Ceci nécessitera une forte adhésion et une convergence de vision avec les concernés”, affirme M. Fassi Fihri.

Comprendre par là, entre autres, sortir du modèle de logement social standard et décliner l’offre en catégories adaptées aux différents budgets et situations des acquéreurs potentiels.

Aussi, pour éviter les cas de surproduction dans certains projets, la réflexion est également poussée, selon le ministère, pour réadapter le nombre minimum d’unités à réaliser par les promoteurs afin de bénéficier des avantages fiscaux liés aux programmes de logements sociaux.

Rappelons que les facilités fiscales accordées (exonération de l’IS, l’IR, droits d’enregistrement…) sont conditionnées par, entre autres, la réalisation de 500 logements minimum sur une période de 5 ans.

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