Secteur bancaire: Attention aux prêts improductifs !

La rentabilité du secteur bancaire marocain restera solide en 2019 et 2020, malgré de bas taux d’intérêt qui pénalisent les marges et le provisionnement croissant requis par la norme IFRS 9. Cependant, alerte Standard & Poor’s, la pression sur la qualité des actifs persiste, les prêts improductifs devant rester élevés à environ 7% entre 2019 et 2020.

Le crédit bancaire poursuivra sa hausse, néanmoins à un rythme quasiment stable. Il croitrait de 4% en moyenne entre 2019 et 2020, selon Standard & Poor’s (S&P). Cette croissance serait portée par le regain de la demande des entreprises ainsi que l’évolution «toujours dynamique» des prêts aux ménages. Selon l’agence de notation, qui vient de publier une note sur les perspectives des banques dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord + Turquie, les dépôts de la clientèle, en particulier des expatriés marocains, continueront à financer intégralement la croissance du crédit. Ceci compte tenu du faible accès des banques au marché financier international, en raison des coûts élevés de ce dernier. «Nous pensons que les banques marocaines continueront à utiliser les marchés des capitaux nationaux pour répondre aux besoins croissants en financement et pour renforcer leurs fonds propres», souligne S&P Global Ratings. Mais attention aux prêts improductifs, alerte-t-elle. Si le secteur bancaire reste globalement stable, la pression sur la qualité des actifs persiste. «Nous prévoyons que le total des prêts improductifs restera élevé ces deux années à environ 7%», prévient S&P. Les secteurs à risque sont l’acier, le tourisme, l’immobilier commercial et la construction. «Le secteur bancaire marocain reste confronté à une forte exposition aux risques du marché immobilier commercial. Ceci est reflété par les développeurs surendettés qui font face à une diminution des transactions immobilières», commente l’agence. Cette dernière estime aussi que les efforts en cours de Bank Al-Maghrib pour harmoniser la classification des prêts et les nouvelles exigences concernant l’augmentation des provisions générales, pourraient dégrader davantage la qualité des actifs des banques marocaines. Par nouvelles exigences, l’agence fait référence notamment à la norme IFRS 9 (adoptée en 2018), qui introduit un nouveau modèle de reconnaissance des dépréciations des actifs financiers, basé sur les pertes de crédit attendues. Malgré le provisionnement croissant requis par la norme IFRS 9, «la rentabilité des banques devrait rester élevée en 2019 et 2020». Ceci «en raison du faible coût de la main-d’œuvre», mais aussi du fait que les dépôts non rémunérés constituent une part importante des ressources (67% de la base de dépôts à mi-2018). À cela s’ajoutent la contribution positive des filiales africaines qui compensent la baisse des marges sur le marché local due au taux d’intérêt bas et à forte la concurrence. Concernant la flexibilité du régime de changes, les experts de S&P prévoient que la transition sera longue et progressive sur 15 ans. «Elle n’aura qu’un impact limité sur les banques, car la plupart des institutions financières ont une exposition marginale aux actifs libellés en devises.», est-il indiqué. À noter que l’Agence prévoit pour le Maroc une croissance du PIB réel autour de 3,2% en 2019 (2,9%, selon le Haut Commissariat au Plan – HCP) avant d’accélérer à de 4,1% sur la période 2020-2021.

LEMATIN.ma

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