Regroupant les principaux professionnels de l’«Immobilier de Standing», le Salon ImmoGallery ouvrira ses portes le 11 Avril. Organisé sous l’impulsion de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), cet évènement ambitionne de devenir le carrefour annuel de ce secteur qui représente l’un des piliers de l’économie nationale, soit 7% du PIB et plus de 10% de l’emploi total au Royaume. Nombreux sont les points qui ont fait l’objet du débat à l’occasion de la conférence de presse tenue lundi dernier en prélude à cette manifestation de grande envergure.
Conformément à sa vision de professionnalisation du secteur immobilier, la FNPI continue d’œuvrer pour le développement de cette branche de l’économie nationale en se donnant rendez-vous avec les potentiels acquéreurs, à l’occasion de la première édition du Salon ImmoGallery. Taoufik Kamil, président de la FNPI, a déclaré à cette occasion qu’« un an après la présentation du Mémorandum portant les propositions de la FNPI au Ministère de tutelle, la fédération vise via cette manifestation à renforcer l’offre en logements adaptée à la demande et aux exigences des citoyens afin d’offrir un cadre de vie à la hauteur de leurs ambitions ».
Selon les organisateurs du Salon, ImmoGallery représente une occasion idéale pour les ménages désireux d’accéder à des offres de logements inédites, diversifiées et adaptées. Les promoteurs, organismes de crédit et autres professionnels seront à leur écoute pour leur donner des conseils personnalisés et mieux affiner leur projet immobilier. Ainsi, les visiteurs pourraient se faire une idée plus claire du marché et profiter des meilleures offres du moment, tout en ayant à disposition les informations de première main nécessaires à cette prise de décision. Durant quatre jours, les différents acteurs du marché y exposeront leurs projets immobiliers et tout leur savoir-faire, avec une offre diversifiée et de qualité pour tous les standings, excepté le logement social.
Un modèle de financement jugé limité
Les promoteurs immobiliers, les différents experts et professionnels du secteur et surtout les organismes financiers déplorent l’offre de financement actuelle, affirment les organisateurs. S’exprimant à propos de la «crise» enregistrée au niveau du secteur immobilier, Mustapha Allali, vice-président en charge de la Commission Communication et RP, a précisé qu’« aujourd’hui, il y a un problème réel quant au modèle de financement, de sorte que le modèle existant a atteint ses limites. Il faut concevoir, en partenariat avec les banques, un modèle adapté aux différents besoins des clients ». Et d’ajouter : «dans les pays du Golf où l’immobilier connaît un essor particulier, le promoteur ne vend pas seulement un bien immobilier, mais propose à l’acquéreur une solution de financement adaptée à ses conditions et déjà bien étudiée avec la banque».
Pour sa part, Karim Amor, vice-président en charge de la Commission Relation internationales, a expliqué dans ce cadre que « le Maroc a un cadre de financement significativement différent de celui des pays européens. Et pour cause, l’évolution du secteur immobilier est intimement liée aux organismes de financement qui sont dépendants, pour leur part, du taux directeur de la banque centrale. En prenant le cas du taux de la banque centrale européenne, on constate qu’il se situe à 0,5%, soit un taux quasiment déflationniste. Au Japon, ce taux peut atteindre un seuil négatif». On est loin de ce niveau au Maroc, note Amor, tout en précisant que nous sommes plus compétitifs par rapport à nos voisins africains. Dans un pays comme la Côte-d’Ivoire, le taux pour un crédit immobilier se situe à 9%, alors qu’au Maroc, il est situé entre 4,5 et 5 %.
«Les promoteurs immobiliers considèrent que l’effort qu’il faut faire en termes d’accession à la propriété concerne surtout la présentation du crédit, car il n’y a pas un problème de taux, il y a des problèmes d’exigibilité en imposant des conditions draconiennes. Je pense que le Maroc a atteint un niveau de maturité financière qui lui permet de proposer un service financier immobilier plus flexible», conclut-il.
Mais face à cette démarche qui privilégie l’octroi du crédit immobilier avec un minimum d’exigences, nombreux sont les experts qui considèrent que cette approche représente une menace pour la stabilité de notre système financier.
Pour preuve, le coût du risque global du secteur bancaire marocain, à savoir les dix principales banques commerciales, a augmenté de 15,71% à fin juin 2018, par rapport à la même période de l’année précédente. Il a atteint un seuil de 2,3 MMDH. En plus, les dotations aux provisions et pertes sur créances irrécouvrables desdites banques ont grimpé de 6,75% à 5,1 MMDH, un montant assez conséquent par rapport à la capitalisation des banques marocaines.
D’ailleurs, l’agence de notation Fitch tire la sonnette d’alarme dans son rapport publié récemment en précisant que le taux d’impayés (prêts douteux / prêts bruts) des sept premières banques du Maroc était tout juste en dessous de 10% au cours des cinq dernières années, précisément à 9,8% à la fin du premier semestre 2018. Les analystes de l’agence affirment même qu’il s’agit d’un niveau beaucoup plus élevé que sur les marchés développés tout en précisant que : «la situation pourrait être «dangereuse» étant donné que l’application de la norme IFRS9 (sur la classification et le provisionnement des actifs) doit encore être testée au fil du temps».
Force est de souligner que Bank Al Maghrib n’a pas tardé à réfuter ce rapport en notant que les provisions couvrent largement les risques, que les impayés se sont stabilisés, les crédits sont moins concentrés et les capitaux propres dépassent suffisamment les ratios prudentiels.
En cela, les experts rappellent souvent le cas des banques espagnoles qui ont adopté une politique de financement très ambitieuse avant la traversée du désert à la crise des Subprimes qui a secoué profondément l’économie espagnole. En effet, la chute des prix de l’immobilier, et en conséquence l’effondrement du secteur immobilier, a tiré vers le bas toute l’économie espagnole, à tel point que personne ne se posait la question à propos de la source d’argent des potentiels nouveaux acquéreurs-sauveurs au moment de la crise, sans oublier ses conséquences sociales et politiques.
Les tables rondes prévues au Salon ImmoGallery représenteront une occasion en or pour débattre des difficultés auxquelles font face les acteurs du secteur avec les différents organismes qui veillent au grain.
Il est à noter que seul le Groupe Crédit Agricole du Maroc, qui fait face à une année difficile à cause du faible taux de pluviométrie, figure parmi les sponsors de cette manifestation de grande envergure.
Mais l’ImmoGallery est avant tout une occasion pour découvrir l’offre diversifiée des différents promoteurs, du «moyen standing plus» à l’immobilier de Luxe, en passant par le résidentiel, le balnéaire ou encore les lotissements de terrains à bâtir, avec la participation de plus de 20 exposants.