L’habitat participatif est-il contrarié à Rennes ?

Acheter une maison à plusieurs et la partager intéresse de plus en plus. Pourtant, l’association Parasol déplore le manque de terrains dédiés et l’impossible mixité sociale dans ces habitations.

En 2010, l’association Parasol voyait le jour. Son but ? Rassembler les habitants rennais souhaitant se lancer dans l’aventure de l’habitat participatif.

Concrètement, les gens achètent un bien ensemble et en partagent certains espaces, comme un jardin ou une buanderie. Ils peuvent aussi concevoir et gérer collectivement l’habitation.

Ce type de logement à la cote. Mais pour le moment, à Rennes, ces projets se développent à petits pas. « Quand on s’est lancé en 2010, il y avait dix ZAC prévues à Rennes, explique Pierre-Yves Jan, président de Parasol. Notre objectif était d’y créer dix projets de logements participatifs. En 2018, nous n’en sommes qu’à deux projets concrétisés. » Quatre autres sont « presque sûrs d’aboutir » d’ici 2021.

Selon Pierre-Yves Jan, l’herbe est plus verte ailleurs : « À Nantes, à Strasbourg, de nombreux projets sont en cours. » Dans la capitale alsacienne, pas moins de 25 sites ont été proposés par les collectivités depuis 2010 et quinze projets sont sortis de terre.

Peu de terrains disponibles

Pourquoi ce retard à Rennes ? Le manque de parcelles disponibles, avancent les membres de Parasol. « Il n’y a pas assez de terrains. On peut même parler de régression. » L’association déplore des avancées « au cas par cas ». Et regrette qu’aucun projet n’ait été proposé dans le centre-ville.

Muriel Condolf-Ferec, conseillère municipale déléguée au logement, relativise : « Nous avons trois nouvelles idées de terrain à cibler. » Pas dans le centre, reconnaît l’élue : « Il n’y a pas de demande particulière qui émane d’habitants pour ce quartier. De plus, nous nous concentrons dans un premier temps sur les zones en rénovations urbaines. »

Impossible mixité sociale

Autre grief de Parasol, au coeur du projet de l’habitat participatif, on trouve la mixité sociale chère aux élus rennais. « Pourtant, à Rennes, contrairement à d’autres villes, il n’est pas possible de créer des projets mélangeant acheteurs éligibles à l’accession sociale et acheteurs ayant des revenus supérieurs », déplore l’association.

« De la même façon, des personnes ayant déjà été propriétaires auparavant, mais dont la situation a changé, à la suite d’un divorce, par exemple, ne peuvent plus accéder à l’habitat partagé dans des logements aux critères HLM », explique Pierre-Yves Jan.

Un problème dont est consciente la mairie. Mais pour l’élue, la mixité ne sera pas possible tout de suite dans la capitale bretonne : « Nous avons un fichier unique de demandeurs sociaux, basé sur des critères d’équité, avec une liste d’attente. Inclure l’habitat participatif dans ce fichier viendrait le bousculer et serait un coupe-file pour les demandeurs de ce type d’habitat. Il faut repenser cela pour que personne ne soit lésé. »

Murielle Condolf Ferec se veut toutefois rassurante : « L’habitat participatif fera partie du futur de l’urbanisme à Rennes. Il fait partie de la philosophie de la ville. Nous sommes conscients du changement de paradigme de l’habitat. »

Les Rennais, eux, sont déjà prêts. Pierre-Yves Jan prévient : « Il y a une demande, un bouillonnement. Ce serait dommage de les contrarier. »

Pour en savoir plus : www.habitatparticipatif.eu

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