Les clients de tous les risques

ENDETTEMENT DES PROMOTEURS IMMOBILIERS

Après que la banque centrale ait contraint les banques à provisionner les encours douteux, le spectre des impayés liés au crédit immobilier plane de nouveau sur le secteur bancaire.

Stocks invendus, chantiers à l’arrêt, retards dans la livraison de nombreux projets dans les grandes villes… L’immobilier bat de l’aile au Maroc. Pour éviter de tomber dans de nouveaux dossiers de créances en souffrance, les banques exigent désormais des promoteurs immobiliers un apport conséquent du montant total d’investissement. Mais, malgré cette prudence, l’encours des crédits aux promoteurs immobiliers montre des impayés et des retards importants. Un risque qui pèse sur le secteur bancaire malgré toutes les précautions prises et exigées par la banque centrale consistant à provisionner les encours douteux et ceux présentant un risque d’insolvabilité.

L’agence de notation américaine Standard & Poor’s, dans sa récente note sur les perspectives des banques dans la région MENA+- Turquie, assure que «le secteur bancaire marocain reste confronté à une forte exposition aux risques du marché immobilier commercial. Ceci est reflété par les développeurs surendettés qui font face à une diminution des transactions immobilières».

Créances en souffrance
Pour l’agence de notation bien cotée auprès des investisseurs étrangers, Standard & Poor’s, les efforts en cours de la banque centrale du Maroc (BAM) pour harmoniser la classification des prêts et l’augmentation des provisions générales peuvent entraîner une baisse des indicateurs de qualité des actifs des banques marocaines. L’agence fait référence à la nouvelle mouture de la circulaire 19/G sur la classification des créances et le provisionnement, qui vise à pousser les banques à une analyse plus rigoureuse du risque et une meilleure sélection des dossiers. BAM a donc introduit une nouvelle catégorie de créances dites sensibles, soit les crédits d’au moins 20 millions de dirhams d’encours dont les bénéficiaires montrent des signes d’incapacité de remboursement à court et à moyen termes. Or, ce genre de dossiers se multiplie dans les portefeuilles des banques.

Les changements dans la circulaire visent une harmonisation et une transition vers les dispositions de la norme financière et comptable internationale IFRS 9, devenue obligatoire au niveau international dans les bilans des banques et dont la principale nouveauté est que les crédits sains doivent être provisionnés.

Dans les créances en souffrance globales des entreprises, quelle est la part des grandes entreprises? Car, depuis 5 ans, les PME souffrent du ratio risque bancaire, devenu serré avec les nouvelles règles prudentielles de Bâle III dont les conséquences ont été patentes sur le financement des entreprises immobilières.

Depuis l’émergence de la crise économique lors du 3e trimestre 2008, les banques marocaines, qui prêtaient jusqu’à 70% du montant d’investissement dans le projet, ne dépassent pas aujourd’hui les 30%. Trésorerie à sec, les promoteurs obligent leurs clients à verser plusieurs acomptes. Malgré cela, ils n’arrivent pas à faire face aux échéances des crédits anciens et actuels. La résultante: des projets à l’arrêt et des clients qui se proclament victimes du retard de la livraison de leurs biens immobiliers.

Maroc Hebdo International

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