Le Portugal cherche des remèdes à la crise du logement

Le gouvernement a approuvé de nouvelles mesures pour protéger les locataires des expulsions et assurer l’accès au logement aux familles de classe moyenne. Mais, pour une partie de la presse, seuls les propriétaires bénéficieront de cette réforme, tandis que les locataires resteront exposés à la précarité.

“Une révolution des loyers ?” Ce mercredi 2 mai, le Jornal de Negócios propose à ses lecteurs de tout comprendre à la “Nouvelle génération de politiques d’habitation” annoncée la semaine dernière par le gouvernement. Celui-ci s’engage à réguler la pression immobilière et à protéger de l’expulsion “les locataires qui sont dans leur maison depuis plus de vingt-cinq ans”, parmi lesquels “ceux qui ont plus de 65 ans, un degré de déficience égal ou supérieur à 60 %, ou ceux qui ont des difficultés financières”, précise le quotidien économique. Une allocation est d’ailleurs envisagée pour ces derniers.

Aujourd’hui, près de 26 000 familles sont identifiées comme exposées à la crise du logement au Portugal, rappelle le Correio da Manhã. Elles sont également chaque année plus nombreuses, n’ayant plus les moyens d’habiter dans les grandes villes en raison des loyers qui ont explosé, à s’installer en banlieue. Pour enrayer cet exode urbain, l’exécutif a donc prévu un arsenal législatif. Les propriétaires qui, par exemple, proposeront “un contrat de location d’une durée minimale de trois ans” avec un loyer accessible, c’est-à-dire “au maximum 80 % de la valeur de référence du marché […] bénéficieront d’une exemption totale d’impôts sur les rentes”, rapporte le site de la radio TSF.

Un cadeau fiscal pour les propriétaires

“C’est trop beau pour être vrai, juge Rafael Barbosa, du Jornal de Notícias. Le gouvernement classe comme accessible un loyer de 900 euros pour un T2 à Porto. Ou de 1 050 euros, pour la même typologie, à Lisbonne.” Or souligne le rédacteur en chef :

Dans un pays où le salaire médian est de 856 euros, les seuls qui ont à gagner dans cette affaire sont les propriétaires qui, en plus de spéculer sur les loyers, vont bénéficier d’un cadeau fiscal.”

Le logement étant la grande cause nationale du moment, plusieurs partis politiques, dans le sillage du gouvernement, ont également soumis au Parlement leurs propositions. Le groupe socialiste suggère, par exemple, la “réquisition temporaire de maisons vides ou abandonnées”.

Ce qui n’emballe pas franchement le média en ligne Observador : “Contraindre les expulsions ou réquisitionner temporairement une habitation privée, comme la gauche le souhaite, va affecter le dynamisme de la reconstruction urbanistique et perturber l’investissement dans le tourisme”, écrit le journaliste Luís Rosa.

São José Almeida, chroniqueuse au quotidien Público, pense tout au contraire que le Premier ministre va dans le bon sens :

En respectant la Constitution, António Costa propose des mesures qui vont réguler le marché de l’habitat et surtout la loi de la jungle de la concurrence du marché qui règne au Portugal dans ce secteur.”

courrierinternational.com

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