Immobilier : Un rush observé de transactions et un espoir placé dans les MRE au second semestre

La baisse des droits d’enregistrement prend fin ce 30 juin. Les professionnels du secteur affirment que cela a dynamisé les ventes sur le secteur immobilier de 25% à 30% et plaident pour une prolongation jusqu’à la fin de l’année. Sans reconduction, la dynamique sera baissière au second semestre. La fragilité économique des ménages se fait sentir. Les MRE, de retour cette année, apportent un peu d’espoir pour dynamiser le marché.

Dans la loi de finances rectificative (LFR) de 2020, il a été décidé d’accorder aux acquéreurs de biens immobiliers, une réduction de 50% sur les droits d’enregistrement. Cet abattement concerne les logements ou terrains destinés à un usage d’habitation d’une valeur qui ne dépasse pas 2,5 millions de dirhams.

Puis, l’avantage a été prolongé jusqu’à fin juin 2021 et étendu aux biens immobiliers allant jusqu’à 4 millions de dirhams. Pour les acquéreurs de logements sociaux, une exonération totale des droits d’enregistrement a été accordée. L’objectif était de dynamiser le secteur de l’immobilier qui avait lourdement souffert de la crise sanitaire avec une perte de 65% de leur chiffre d’affaires.

Une hausse globale des transactions de 30% et un effet rush confirmé

D’après différents interlocuteurs du secteur, cet abattement a porté ses fruits sur les 6 premiers mois de l’année. Un prolongement de cet avantage serait de bonne augure pour dynamiser plus fortement le secteur. Mais jusqu’à aujourd’hui, quel bilan en tirer ?

Maître Hafid Oubrayem, président du conseil régional des notaires de Casablanca nous confie : « Nous souhaitons vivement que cet abattement soit reconduit au moins jusqu’à la fin de l’année 2021. Je peux vous dire qu’il a boosté les ventes sur ce premier semestre de l’ordre de 25% à 30% ».

Une version corroborée par d’autres notaires de la place, notamment Mohamed Lazrek, notaire à Settat et secrétaire général du conseil national de l’ordre des notaires. « Cet abattement a permis de déclencher une bonne reprise, mais un prolongement jusqu’à la fin de l’année serait bienvenu. Depuis le début de l’année, je considère que la hausse des transactions est de l’ordre de 20% à 30% » explique-t-il.

Au-delà des effets positifs de l’abattement, la fin de l’avantage fiscal prenant effet le 30 juin a créé un effet rush sur les transactions. De plus en plus de particuliers cherchent à faire aboutir les transactions avant la fin du mois pour bénéficier de l’exonération. « Cet effet de rush est très perceptible. Nous croulons littéralement sous les demandes et les coups de fils pour faire avancer les dossiers le plus rapidement possible. Ce qui est parfaitement compréhensible. Pour un ménage standard, 50% d’abattement de droits d’enregistrements permet de meubler une partie de la maison par exemple, ce n’est pas rien » nous explique Hassan Slaoui, notaire à Casablanca. Un constat partagé par président du conseil régional des notaires de Casablanca. « Il y a depuis quelques semaines un vrai rush qui est observé dans les études de notaires. Tout le monde fait en sorte que les transactions puissent passer avant la fin du mois de crainte que l’abattement ne soit pas reconduit » explique Hafid Oubrayem.

Désormais, en l’absence d’annonce de reconduction de cet abattement destiné à dynamiser les ventes du secteur immobilier, une accalmie des transactions est attendue sur le second semestre de l’année.

Un second semestre fragile est attendu, l’espoir est placé dans les MRE

Cette accalmie est attendue en partie à cause de l’érosion du pouvoir d’achat des ménages et des répercussions économiques attendues au second semestre. Pour maître Oubrayem, les banques deviennent de plus en plus pointilleuses dans l’octroi des crédits immobiliers. « Nous avons remarqué que les banques étaient moins enclines à octroyer les crédits bancaires. Ils prennent plus de temps pour débloquer les demandes d’acquisition. C’est principalement causé par le fait qu’une partie de la clientèle devient moins solvable. Avec la crise, certains sont désormais dans un secteur d’activité qui est en grande difficulté et donc se retrouve à risque » explique-t-il.

Un sentiment également ressenti côté promoteurs. Mustapha Allali, vice-président de la Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers (FNPI) nous explique : « Les banques sont réticentes et nous les comprenons en partie. Beaucoup de gens et entreprises se retrouvent en difficultés. Les réponses favorables aux demandes de crédit est de plus en plus faible. C’est un fait économique compréhensible, mais il est vrai que nous en souffrons car c’est une perte de clients ».

Pour la seconde moitié de l’année, l’espoir se porte sur un facteur qui n’a pas été présent l’an dernier. Il s’agit de l’arrivée des MRE au Maroc après deux ans d’absence. « Nous espérons qu’ils vont contribuer à un léger redressement du marché » confie le vice-président de la FNPI. Pour Mohamed Lazrek, leur arrivée est un soulagement, mais le fait qu’ils ne puissent pas bénéficier des abattements sur les droits d’enregistrement est une opportunité manquée. « Il est dommage que ces avantages prennent fin juste à l’arrivée des MRE au Maroc. C’est comme s’ils avaient été écartés de cette dynamique. Pour ma part, je pense vraiment que les MRE pourront aider à dynamiser le secteur. Nous avons une clientèle de MRE et nous savons qu’ils investissent beaucoup, notamment dans les petites régions. Cela concerne, les appartements, les terrains et autre » explique-t-il.

Pour maître Hassan Slaoui, il faut nuancer la situation. « Certains d’entre eux ont des projets immobiliers au Maroc et c’est une bonne nouvelle. Cependant, je ne pense pas que l’impact sera fortement ressenti sur les opérations. Il ne faut pas oublier non plus que la plupart ont vécu une année très rude financièrement avec la crise » conclut notre interlocuteur.

Les aides à la demande font également partie des facteurs qui pourraient dynamiser le marché immobilier sur le second semestre 2021. Pour Mustapha Allali, « désormais, il faut encourager les acquéreurs en baissant les taux d’intérêts, les droits sur la conservation foncière, etc… Si aucun effort n’est fait, le secteur se portera probablement mal sur le reste de l’année. Il faut rappeler que le taux cumulé entre conservation foncière et droit d’enregistrement avoisine les 6%, ce qui est énorme » conclut notre source.

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