– L’Economiste : Quelles sont les grandes tendances du marché immobilier?
– Taoufik Kamil (président de la FNPI): Aujourd’hui, le secteur de l’immobilier, tous segments confondus, souffre d’une crise sans précédent. Presque tous les indicateurs sont au rouge comme le souligne le dernier rapport de la Direction des études et prévisions financières du ministère de l’Economie et des Finances. Autre chiffre inquiétant publié par Bank AlMaghrib: les ventes stagnent et ont même connu une baisse de 4,4% entre avril et juin 2018, et ce, sur l’ensemble du territoire national. Cette crise est également due en grande partie à l’inadéquation entre l’offre et la demande. On ne peut plus nier que le bien immobilier reste hors de portée pour beaucoup de nos concitoyens, notamment à cause d’un pouvoir d’achat en baisse et des possibilités de financement pour l’accès à la propriété limitées. Je précise également que la cherté du bien découle essentiellement du coût élevé du foncier, des taxes et droits que l’Etat fait subir aussi bien au promoteur qu’à l’acquéreur, sans oublier la frilosité de nos banques en matière d’octroi de crédits. Elle n’est en aucun cas due aux fameuses marges – du reste totalement erronées -, que les promoteurs auraient réalisées comme certains peuvent encore le penser.
– Quelles sont vos prévisions pour 2019?
– 2019 sera une année d’attente des premières applications de la stratégie de relance de l’Habitat qui a été présentée par le Conseil national de l’habitat, et s’inscrira dans la même tendance calme que l’année 2018. Peu de mesures d’encouragement ont été apportées par la loi de finances 2019. Certains textes pourraient même ralentir la dynamique escomptée du secteur. A titre d’exemples, nous aurions souhaité une révision et un réaménagement concertés des tarifs de la conservation foncière et des droits d’enregistrement…
– Quel est le plan d’action de la FNPI pour relancer le secteur?
– En mai 2018, la FNPI avait soumis au ministère de tutelle, un mémorandum comportant des mesures à court, moyen et long termes, à même de donner un nouveau souffle au secteur, toujours dans le cadre d’un accompagnement efficient de la politique du logement pour tous.
Parmi les mesures fortes pour relancer l’habitat, nous proposons que l’Etat ouvre davantage de terrains dédiés à l’urbanisation à des prix abordables, qu’il inscrive l’élaboration et modifications des plans d’aménagement dans une démarche de concertation avec notre écosystème, qu’il facilite les démarches administratives notamment celles relatives au Règlement général de la construction. Nous avons émis également la proposition de baisser les taux d’intérêt bancaires pour les primo-acquéreurs. Sachant que le secteur de l’immobilier représente près de 7% du PIB national et 10% de l’emploi total au Maroc, la relance de ce segment-clef de notre économie relève d’une responsabilité commune et citoyenne.