Inadéquation de l’offre et de la demande sur le moyen standing, une demande solvable de plus en plus faible sur l’économique et l’entrée de gamme des promoteurs à la santé financière fragile et des banques qui limitent leur exposition sur le secteur. Les maux de l’immobilier sont connus. Mais les pistes de sortie de crise tardent à voir le jour. Et à la question «comment relancer le secteur immobilier ?», le Projet de Loi de Finances 2022 n’apporte pas de réponse.
Sauf à voir les conseillers introduire une mesure surprise à ce PLF, la première Chambre a, elle, tout juste soulevé le problème, alors que Fouzi Lekjaâ, ministre délégué chargé du Budget, a promis lors des débats avec les parlementaires un rapport critique et détaillé sur le soutien de l’Etat au secteur durant la dernière décennie et les avancées constatées. Mais en attendant, pas de nouvelles incitations fiscales pour les promoteurs.
Soutenir la demande
Au sein de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), les promoteurs réclament un nouveau modèle basé sur un soutien direct de la demande. Cela augmenterait la demande solvable et permettrait d’écouler les stocks qui se sont accentués avec la crise pandémique et qui pèsent sur la santé financière des promoteurs. Une autre mesure réclamée par les professionnels est la mise en place d’un statut professionnel pour les promoteurs pour empêcher la spéculation et les opérations ponctuelles de certains investisseurs qui se proclament promoteurs immobiliers après une opportunité foncière.
Les professionnels proposent également la mise en place d’un guichet unifié pour les autorisations administratives, avec une vraie digitalisation pour simplifier les procédures, ainsi que la création d’un observatoire de l’immobilier pour faire remonter des données fiables et mieux piloter la stratégie du secteur et, pourquoi pas, élargir et étendre le modèle de conventions public/privé pour répondre efficacement au besoin de logement tous standing confondus, y compris le locatif.
Remobiliser les banques
Le secteur immobilier est considéré comme un secteur systémique pour l’économie marocaine. Il pèse près de 30% du total des encours de crédits des banques et représente entre 5 et 7% du PIB. Relancer le secteur passera nécessairement par une réconciliation entre les promoteurs et les banques. Ces dernières ont essuyé des pertes en l’accompagnant et ont dû accepter des milliards de dirhams de dations en paiement, qui sont des remboursements en nature des crédits octroyés aux promoteurs, au point que Bank Al-Maghrib a dû intervenir pour couper court à cette pratique.
Mobiliser les ressources de tout l’écosystème de la construction et du logement pour relancer l’ensemble de la chaine de valeur du secteur est un passage obligé, et les banques font partie de cette équation. Le marché des capitaux peut également être utilisé dans la relance. Mais, là aussi, une crise de confiance s’est installée avec les investisseurs et il faudra pour les promoteurs faire preuve de transparence pour réduire les clivages.
Immobilier coté : Vers une croissance mécanique en 2021
Pour les banques d’affaires qui couvrent le secteur immobilier coté, un consensus s’établit sur la reprise progressive du secteur et la montée en charge des filiales africaines. Le secteur profitera également de la non-récurrence des provisions pour dépréciation constatées par certains émetteurs sur certains terrains présentant des moins-values. Ainsi, en 2021, la masse bénéficiaire du secteur immobilier devrait se redresser et s’établir en territoire positif à 168 MDH contre un déficit de 1.307 MDH en 2020. Mais cette situation est loin de représenter l’état général du secteur au Maroc.