Le nouveau ministre prêt à accorder la construction en hauteur aux promoteurs
La tutelle entend ainsi accéder à l’une des conditions des promoteurs privés afin de construire et commercialiser des produits destinés à cette classe tout en restant rentables.
La construction en hauteur. Voilà un sujet sur lequel butaient les négociations entre le gouvernement et les promoteurs privés pour doper les logements destinés à la classe moyenne. Cela dit, le gouvernement se dirige à autoriser la construction d’immeubles-tours (10 étages et plus). Un nouveau ministre vient d’être nommé pour chapeauter le secteur et entend insuffler une nouvelle dynamique au secteur. Abdelahad El Fassi vient d’ailleurs de se réunir avec les représentants du secteur du BTP. Si les opérateurs ont été invités à fournir un mémorandum, plusieurs pistes de relance sont à l’étude. Selon nos indiscrétions, la construction en hauteur figure en bonne place.
La tutelle entend ainsi accéder à l’une des conditions des promoteurs privés afin de construire et commercialiser des produits destinés à cette classe tout en restant rentables. Il faut dire que depuis le lancement du logement pour classe moyenne par la loi de Finances 2013, le dispositif n’a pas pu séduire. Il s’agissait en gros à l’époque de mettre en place un produit spécifique destiné aux classes moyennes, sur la base d’un cahier des charges fixant des caractéristiques techniques et commerciales, à savoir une superficie allant de 80 à 150 m² et un prix de vente ne dépassant pas les 7.200 DH TTC. Quelques années après, le dispositif a fait pschitt. Bien qu’une convention cadre ait été signée entre le ministère de l’habitat et la Fédération des promoteurs immobiliers, les mises en chantier n’ont pas atteint l’objectif escompté alors que le bras immobilier de l’Etat, Holding Al Omrane, était pratiquement le seul à s’intéresser à ce genre de produit. Pourtant, les lois de Finances successives ont repris le dispositif fixant le prix de vente des logements destinés à la classe moyenne à 6.000 dirhams hors taxes pour le m2. Alors que le gouvernement répétait à qui voulait l’entendre qu’il était hors de question d’offrir plus pour convaincre les promoteurs d’y adhérer, ces derniers répliquaient que le produit en question était loin d’être rentable.
Mais depuis cette date, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Face à la morosité du marché de l’immobilier qui a du mal à sortir de sa léthargie laquelle dure depuis quelque temps déjà, les parties prenantes n’ont plus réellement le choix et veulent ainsi tenter le coup afin de doper le secteur à travers le logement destiné aux classes moyennes. Pour ce faire, le gouvernement va céder sur la condition de la construction en hauteur, ce qui permettra aux promoteurs de proposer des produits pas très loin des centres-villes où les prix du foncier restent relativement conséquents. La rentabilité se jouera sur le plan de la construction en hauteur avec pas mal d’étages supplémentaires et donc plus d’appartements à vendre. Reste le dossier de la carotte fiscale où le gouvernement s’est déjà montré intransigeant. Pas de cadeaux fiscaux supplémentaires pour booster les produits en question à l’instar de ce qui a déjà été fait pour les logements sociaux. L’Exécutif préfère temporiser sur ce sujet en attendant de procéder à une évaluation du programme des logements sociaux dont la fin approche. Reste à savoir si les acteurs concernés vont ainsi réussir à relancer le marché. Les chiffres sont en effet édifiants. Bank Al-Maghrib qui vient de publier l’indice des actifs immobiliers de l’année 2017 annonce que les transactions immobilières ont reculé de 7,6% (voir encadré).
Selon l’indice des actifs immobiliers de l’année 2017 de Bank Al-Maghrib, les transactions immobilières ont reculé de 7,6% après une hausse de 8,4% en 2016. Les ventes des biens résidentiels se sont ainsi repliées de 8,7%. La commercialisation des terrains a également connu une baisse passant d’une hausse de 9,4 à 4,8% en 2017. Les biens à usage professionnel sont également concernés par la morosité du marché avec une diminution des ventes de l’ordre de 3,5%.
Pourtant, les prix s’inscrivent dans un trend haussier passant de 1,3% en 2016 à 5% en 2017. Les hausses ont eu probablement un impact sur le volume des transactions qui ont baissé dans l’ensemble des grandes villes. C’est le cas notamment à Rabat où les transactions ont chuté de 18,7% après une hausse de 27,7% en 2016. Les acquisitions immobilières ont également ralenti à Marrakech. Evaluée à 12,8%, la baisse est due au recul de 28,5% des ventes d’appartements. A Tanger, les ventes ont diminué de 20,9% du fait de la baisse de 22,2% des ventes des appartements et de 17,1% de celles du foncier.
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