A la suite de l’effondrement de deux immeubles dans le centre de Marseille, le sénateur LR des Bouches-du-Rhône, Bruno Gilles, qui est candidat aux élections municipales de 2020 dans cette ville, appelle de ses vœux un plan Marshall pour en finir avec le logement insalubre.
Qui est responsable de l’effondrement des deux immeubles qui a provoqué huit décès à Marseille? Beaucoup pointent du doigt Jean-Claude Gaudin. Le sénateur LR des Bouches-du-Rhône, Bruno Gilles, ne lâche pas le maire de Marseille. «Dans cette affaire, on peut accuser la mairie de Marseille, l’Etat, l’ARS (Agence régional de santé)…, souligne-t-il. En fait, les responsabilités sont collectives.»
Le sénateur, qui s’est déclaré en septembre candidat aux élections municipales de 2020 à Marseille aurait mauvaise grâce à se désolidariser de Jean-Claude Gaudin: ce dernier lui a apporté un soutien mezzo voce dans cette longue course vers la mairie. Mais Bruno Gilles ne veut pas en rester là sur l’habitat indigne dans la deuxième ville française.
Permis de louer
«On doit lancer un plan Marshall dans ce domaine en centre-ville de Marseille pour faire plus, mieux et plus vite», affirme-t-il. Il faut aller plus vite car, selon lui, l’immeuble écroulé au 63 rue d’Aubagne n’avait été racheté par l’opérateur de HLM, Marseille Habitat, qu’en 2015: dix ans après l’arrêté de péril. Depuis, les travaux n’avaient pas été lancés car les ABF (Architectes des bâtiments de France) s’y opposaient en raison de la qualité de la façade.
Pour en finir avec cette situation ubuesque, Bruno Gilles propose un plan en sept points. Les mesures les plus symboliques? Mettre en place un permis de louer, un dispositif créé par la loi Alur qui permet à la mairie de vérifier si l’appartement ou la maison n’est pas insalubre. Cette formule est utilisée aujourd’hui dans quelques villes (Bagnolet, Villemomble, Fourmies…).
Reconstruire des HLM
Autre proposition: faire bénéficier le centre de Marseille du dispositif Orcod (opération de requalification des copropriétés dégradées), qui pemet aux pouvoirs publics de se substituer aux copropriétaires désargentés pour faire les travaux nécessaires à la remise en état de ces immeubles insalubres. Aujourd’hui, seulement deux quartiers de ville (à Clichy sous Bois et à Grigny en banlieue parisienne) bénéficient de ce traitement.
Enfin, Bruno Gilles préconise de pouvoir démolir ces immeubles délabrés en centre-ville de Marseille pour reconstruire des HLM. Aujourd’hui, c’est impossible car cette partie de Marseille est un QPV (Quartier prioritaire de la ville), un dispositif qui empêche la construction de logements sociaux pour ne pas ajouter de la pauvreté à la pauvreté. Mais compte-tenu de la situation d’urgence, le sénateur est favorable à l’édification de HLM. Pour faire sauter le verrou juridique, il préconise de créer une ZFU (Zone franche urbaine) dans le centre de Marseille qui autorisera la construction de logements sociaux tout en instaurant des allègements de charges sociales susceptibles de faire revenir des professions libérales, des entreprises et des commerces.