HABITAT ABORDABLE : LES SPÉCIFICATIONS RESTENT À DÉFINIR

Pour le ministère et la FNPI, la notion d’«habitat abordable» est liée au budget des acquéreurs. D’autres opérateurs considèrent que l’environnement et les équipements sont partie intégrante du produit. Les promoteurs souhaitent la révision du cahier des charges relatif aux logements économique et social.

Redynamiser le secteur de l’habitat est l’un des dossiers chauds sur lesquels se penchent le ministère de l’aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, conjointement avec les opérateurs du secteur (promoteurs, architectes, professionnels et experts). Et la première thématique qu’ils ont examinée a concerné l’habitat abordable. Il est vrai que plusieurs propositions ont été formulées de part et d’autre afin de relancer tant l’habitat social que l’habitat à faible valeur immobilière totale (FVIT) ou encore l’habitat destiné à la classe moyenne. Mais il n’en demeure pas moins que cet habitat dit abordable n’a pas été défini en tant que tel. S’agit-il d’un type d’habitat qui sera lancé en prenant en compte la capacité financière de l’acquéreur ? D’un habitat à même de mettre à la disposition du client tout ce dont il aurait besoin en terme d’équipements… ? Ou devrait-il remplacer toutes les autres appellations, à savoir habitat économique, social, de la classe moyenne, à FVIT ?
Aucune définition claire de cet «habitat abordable» n’a été livrée ; chacun y va de sa propre partition et de sa propre vision. En fait, selon le ministère, «le logement abordable renvoie à une acception étroitement liée à l’évolution des revenus des ménages accédant au logement». Il met plus précisément l’accent sur le budget de l’individu. En ce sens, «il s’agit d’un type de logement dont l’effort financier ne dépasse pas un certain seuil de revenu brut, ne compromettant pas la jouissance d’autres droits fondamentaux». Aussi, il cible les ménages à faibles ou à très faibles revenus, ainsi que les ménages à revenus modestes ou moyens.

L’aide de l’Etat toujours requise

La Fédération nationale de promoteurs immobiliers (FNPI) considère également qu’un habitat abordable est lié au budget du client. «Le budget consacré à l’habitat doit correspondre à 30% des revenus mensuels bruts de tout un chacun. L’acquisition d’un logement ne doit pas pénaliser l’acheteur, et doit lui permettre de bénéficier de l’ensemble de ses autres droits relatifs à la santé, l’éducation…», explique Mohamed Benjelloun, vice-président de la FNPI. D’autres opérateurs du secteur ne partagent pas cette approche. Azeddine Nekmouche, président du Conseil national de l’ordre des architectes, estime que le facteur financier n’est pas le seul facteur déterminant pour estimer un habitat abordable. Selon lui, «le côté abordable d’un logement doit intégrer tout l’environnement qu’il y a autour, à savoir les équipements nécessaires (écoles, hôpitaux, commerces…) et surtout une qualité et un cadre de vie agréable. Cela devrait être accompagné nécessairement d’une assistance de l’Etat, surtout au niveau des avantages fiscaux accordés à une certaine couche de la population pour pourvoir accéder à ce logement». C’est dire la nécessité de revoir le concept de logement social tel qu’il existe actuellement car, de l’avis de nombre de professionnels, l’offre disponible sur le marché concerne davantage l’habitat économique que social. «Il ne s’agit pas seulement de produire des logements de 50m2 et de répondre aux conventions signées avec l’Etat, mais de créer, notamment, un environnement de vie agréable qui favorise la mixité sociale», ajoute M. Nekmouche.

Relance du logement pour la classe moyenne

Au-delà de la nécessité d’actualiser le concept des logements économiques et sociaux, il est plus que jamais urgent de se pencher sur le logement dédié à la classe moyenne. «Il est inconcevable que cette tranche de la population ne dispose pas d’un logement adapté à sa bourse», martèle M.Benjelloun. D’ailleurs, les propositions de la FNPI pour redresser le secteur vont dans le sens de l’actualisation du cahier des charges relatif aussi bien au logement social qu’au logement de la classe moyenne.

Pour le premier, la fédération propose, entre autres, que le programme soit étendu au-delà de 2020, que la superficie soit flexible, en fonction des besoins, et ne se limite pas forcément à 50 m2. «Pour le même prix, soit 5000 DH/m2, les logements doivent être de superficie différente, allant de 35 m2 par exemple, incluant une chambre et un salon destiné à un couple, à 80m2 pour une famille», ajoute M.Benjelloun.

Pour le second, la FNPI suggère une augmentation de la surface constructible de 35% par rapport à ce qui est autorisé dans les plans d’aménagement.

D’autant qu’il faut conclure des conventions claires avec des promoteurs sérieux et transparents fiscalement, tout en mettant l’accent sur l’importance du respect du cahier des charges.

En somme, la mise en place d’un habitat abordable ne renvoie pas seulement à un budget précis qu’une personne doit présenter pour y accéder, du moins pas selon les commentaires recueillis çà et là. Des professionnels vont même jusqu’à affirmer que la notion d’habitat social, économique, moyen ou autres laissera la place au concept d’«habitat abordable» qui sera fonction de la capacité financière certes, mais aussi de tout l’environnement autour duquel tournerait cet habitat.

Lavieeco

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