FNPI: «Il y a un réel problème de foncier»

– L’Economiste: Théoriquement, le nouveau dispositif d’aide au logement devrait redynamiser la machine de l’immobilier. Mais ce n’est pas encore le cas. Est-ce la faute à l’offre ou plutôt à la demande?

– Taoufik  Kamil: Je tiens à rappeler qu’à la base, la FNPI a été à l’origine de ce nouveau dispositif. Nous avions sollicité en 2018 le ministère de tutelle afin de concevoir de nouveaux mécanismes et incitations en faveur de l’acquéreur. Fort heureusement, le ministère de tutelle a eu le courage de le sortir sur le terrain. L’enjeu étant de faciliter aux ménages l’accès à la propriété mais en même temps insuffler une  nouvelle dynamique auprès de l’écosystème de la construction et de la promotion immobilière. L’un ne va pas sans l’autre. Il y a moins d’un mois, nous avons tenu une réunion avec la ministre de tutelle afin d’évaluer le programme et dresser le bilan des trois premiers mois du dispositif d’aide au logement. Sincèrement, l’on ne s’y attendait pas, mais les indicateurs du premier bilan sont positifs.

– Mais des professionnels parlent de problèmes liés notamment au déficit de l’offre…

– Le problème de l’offre réside uniquement dans certaines grandes villes. Mais s’il n’y a pas assez d’offre, c’est essentiellement parce qu’il y a un problème de foncier (ndlr: Cas de Casablanca). Sur ce point précis, nous avons plusieurs pistes de solutions. Il y a notamment la possibilité d’intégrer des terrains hors du périmètre urbain, les périphéries… Il y a aussi la solution de la verticalité dans les centres urbains. Une chose est sûre, si l’on résout la problématique du foncier, les projets vont se multiplier et la demande va se manifester encore plus. C’est systématique.

– Il y a aussi la solution de la hauteur avec l’autorisation de plus de 10 étages notamment à Casablanca?

– Effectivement, la verticalité est une option, mais cela dépend du zoning. De toute façon, le plus important dans cette équation, c’est le coût du foncier. Si le coût est accessible, les offres des 300.000 DH et même celle des 700.000 DH seront partout disponibles.

– Quels sont les principaux chantiers structurants de la profession sur lesquels travaille la Fédération en ce moment?

– Le plus important chantier qui tient à coeur aux membres de la Fédération est incontestablement celui de la structuration de la fonction et du statut du promoteur immobilier. Nous sommes en train d’examiner, avec le ministère de tutelle, la possibilité d’un projet de loi qui régit et organise l’activité de la promotion immobilière. Car le promoteur d’hier n’est pas celui d’aujourd’hui. Par ailleurs, les modes et les process de construction se structurent et se modernisent. Aujourd’hui, il est inconcevable que le métier de la promotion immobilière soit encore non organisé. D’autant plus que les problèmes du secteur nuisent à l’image du promoteur. En l’absence du statut du promoteur, le secteur ne pourra pas évoluer convenablement.

–  Aujourd’hui, il y a de nombreux chantiers qui arrivent à la veille de la Coupe d’Afrique des nation et du Mondial 2030. Il y a donc des opportunités et des marchés à prendre?

– Avant même de parler de la Coupe d’Afrique ou du Mondial, je pense que sous l’impulsion du nouveau modèle de développement (NMD), le Maroc est en train de se développer sur tous les niveaux, notamment l’industrie automobile, l’aéronautique, les métiers mondiaux… Mais en même temps, il faut que tous les secteurs et activités soient  au diapason et à la hauteur de cette dynamique déjà enclenchée. Le logement et l’immobilier en général sont appelés à évoluer. Mais il n’y a pas que l’habitat, tous les secteurs sont concernés. Car si nous ne saisissons pas les opportunités qui s’offrent à nous, il y aura d’autres qui le feront à notre place. Et ce serait regrettable de ne pas être au rendez-vous…

Ecosystème

«La FNPI regroupe les professionnels de la promotion immobilière quel que soit leur typologie ou leur taille. Petites ou grandes entreprises, publiques ou privées, du logement social au haut standing et luxe en passant par le moyen standing. Nos membres représentent les différentes disciplines de la promotion immobilière et de l’écosystème. Ce qui nous permet  de revendiquer une forte représentativité du secteur et une force de propositions. En plus des entreprises directement membres de la Fédération, nous comptons également 16 associations régionales, qui permettent à la FNPI d’avoir une plus grande représentativité nationale et des relais locaux», soutient le président de la FNPI.

Le poids de la filière

L’activité de l’immobilier contribue à hauteur de 6,8% au PIB national avec plus de 1 million d’emplois cumulés et 107,3 milliards de DH de valeur ajoutée. Depuis plusieurs années, le secteur évolue dans un cycle baissier avec un ralentissement du rythme des transactions, des stocks importants d’invendus, une inadéquation entre l’offre et la demande, du foncier qui se raréfie, voire une demande potentielle qui s’inscrit dans l’attentisme ou encore des difficultés dans l’octroi de crédits. En revanche, même s’il s’inscrit dans un trend baissier, ce cycle a aussi des opportunités de niches pour certains opérateurs qui parviennent tant bien que mal à réaliser une croissance, en dépit de la conjoncture.

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