Accéder à la propriété est aujourd’hui le projet de tout un chacun. Nombreuses sont les motivations qui poussent, de nos jours, les Marocains à investir dans un bien immobilier quel que soit son standing. Des choix animés essentiellement par l’envie de constituer un patrimoine et de préparer sa retraite par les investissements et revenus collatéraux au bien acquis. Toutefois le chemin vers la propriété est parsemé d’embûches. Difficultés de financement, cherté des prix, arnaques, lenteurs de livraison… autant de facteurs qui plombent l’expérience d’achat immobilier des Marocains et ternissent l’image de ce secteur qui joue un important rôle dans le développement économique.
L’innovation est de mise
Au Maroc, l’immobilier correspond à 6,8% du PIB national, à 107,3 milliards de valeur ajoutée, à 27% de recettes de TVA et à plus de 260 milliards de dirhams de crédits bancaires octroyés sur un total de près de 859 milliards de dirhams. Des chiffres qui illustrent la grandeur de ce secteur et sa prépondérance. Cependant, l’immobilier au Maroc n’arrive toujours pas à décoller. Au moment où les consommateurs parlent de crise, les professionnels évoquent un problème d’inadéquation entre l’offre et la demande. Le pricing n’est pas un élément déclencheur de cette conjoncture. «Certes entre 2011 et 2012 il y avait une véritable correction de prix. Aujourd’hui, il ne faut pas s’attendre à une baisse. Les prix actuels sont raisonnables», a fait savoir Kamil Taoufiq, président de la FNPI, en marge de la conférence de présentation du Salon. Se référant aux professionnels, la situation du secteur puise ses origines du manque d’innovation et d’une offre financière inadaptée aux besoins. «Il y a une offre pour chaque marché. Il suffit d’avoir une demande qui soit adressable par la capacité qu’un citoyen pour pouvoir accéder à un crédit qu’il peut rembourser», apprend-on d’un promoteur de la place. La relance de l’immobilier, telle qu’est pensée par les professionnels, devrait passer par le déploiement de mécanismes innovants notamment via la mise en place d’aides à l’accès à la propriété.
Quid du financement ?
Pour ce qui est du financement, la FNPI incite les banques à répercuter sur les clients la baisse du taux directeur de Bank Al-Maghrib. A l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays, les taux d’intérêt de crédits immobiliers devraient être réduits ou éventuellement appliquer des taux zéro pour les premières acquisitions.
Les membres de la fédération proposent également une déduction des intérêts de prêts logements pour les salariés et ce dans la limite de 30% du revenu brut imposable contre 10% proposés actuellement. De même, les conditions d’octroi de crédits aux acquéreurs devraient s’assouplir notamment à travers la révision des critères de scoring appliqués par les banques. La FNPI propose également d’élargir les bénéficiaires des fonds de garantie du Fogalef dédié aux enseignants et Fogaloge dédié aux fonctionnaires et d’autres cibles telles que les jeunes de moins de 35 ans et les commerçants. En ce qui concerne Fogarim, servi uniquement par deux banques de la place, la FNPI estime qu’il est nécessaire d’inciter les autres banques à adhérer à ce mécanisme ou leur imposer un pourcentage donné du total des crédits accordés à l’économie. Pour encourager la demande étrangère, la fédération propose la vente de logements dédiés, en résidence principale ou secondaire, à cette clientèle principalement à Marrakech, Agadir et Tanger.
Une diversité d’approche pour sauver le secteur
Pour relancer la chaîne de valeur du secteur, les professionnels mettent également l’accent sur la mobilisation de l’ensemble des ressources de l’écosystème. C’est dans cette optique que s’inscrit la nouvelle ère de la FNPI. La fédération a défini une vision qui prône une diversité d’approche et de production. Une feuille de route qui érige la fédération en tant qu’incubateur d’idées pour toutes les disciplines de l’acte de bâtir. L’objectif étant de répondre à un certain nombre de dysfonctionnements dont la complexité et la lenteur des procédures administratives, les doubles taxations foncières, l’absence de concertation au niveau des plans d’aménagement ainsi que l’obligation de développer un certain nombre d’équipements publics et privés dépassant la grille normative. Les mesures promues portent sur l’assainissement du secteur à travers la mise en place d’un cadre institutionnel et une réglementation judicieuse.
De même, les professionnels recommandent, entres autre, l’élargissement de la convention public-privé, la digitalisation des procédures, la mise en place d’un guichet unique pour les autorisations administratives ainsi que la création d’un observatoire de l’immobilier permettant de fournir des statistiques fiables et anticiper les évolutions du secteur.