Construction: La flambée des prix des matériaux menace la reprise!

Le redémarrage rapide de l’activité économique en 2021 après le creux de 2020 a des effets indésirables dans plusieurs secteurs. Dans la construction, les opérateurs tirent la sonnette d’alarme sur la flambée des prix des matériaux de construction.

Entre 2020 et 2022, le prix du madrier a doublé alors que celui du verre 4 mm a explosé de 300%! constate un promoteur immobilier. Le prix de l’acier a grimpé de 49% alors que les tarifs des câbles électriques, de la plomberie et sanitaire coûtent 20% plus cher selon la Fédération nationale de la promotion immobilière (FNPI).

Pointés du doigt, les professionnels des matériaux de construction attribuent ces hausses à la conjoncture internationale. «Nous n’avons pas de prise sur le mouvement des prix à l’international. Nos producteurs, eux-mêmes, subissent l’envolée des prix des intrants», explique David Toledano, président de la Fédération des matériaux de construction.

En outre, «nous ne répercutons que partiellement les hausses que nous subissons», ajoute-t-il. Le phénomène est mondial et à très court terme, la visibilité est quasi nulle. Toutefois, ces tensions inflationnistes vont finir par se dissiper, veut croire le président de la Fédération des matériaux de construction. Les professionnels du bâtiment se montrent méfiants, estimant que les hausses sont rapidement répercutées alors que les baisses sont moins visibles dans les prix de vente.

Par ailleurs, certains acteurs de l’écosystème profiteraient du contexte pour relever leurs tarifs, dénonce la FNPI. La hausse de 38% du prix de la brique par exemple passe mal.

Aujourd’hui, plusieurs entreprises seraient contraintes de renoncer à des marchés, l’envolée des prix rendant caduques les conditions de base. «L’inflation des prix des matériaux de construction entraîne une hausse de 10 à 15% du prix de revient. Nous ne pouvons pas absorber de telles hausses», relève Anice Benjelloun, vice-président de la FNPI.

La Fédération requiert l’intervention du ministère de l’Habitat. L’emballement des coûts de construction ne permet plus de proposer le logement social à 250.000 DH par exemple, estiment les professionnels.

Les nouveaux acquéreurs risquent de payer au prix fort

En amélioration ces deux dernières années du fait de la baisse des taux d’intérêt, des droits d’enregistrement et des prix des biens immobiliers, le pouvoir d’achat immobilier des ménages se retrouverait affecté par l’inflation des coûts de construction. Les ménages qui ont prévu l’acquisition d’un logement neuf risquent de payer au prix fort. Les surcoûts subits par les professionnels seront au final supportés par les acheteurs. Le contexte pourrait prolonger la convalescence du secteur de la construction, l’un des plus affectés par la crise sanitaire. En variation annuelle, sa valeur ajoutée progresserait de 5,1% au 1er trimestre 2022. Toutefois, des fragilités continuent de conditionner les perspectives, note le HCP. «La hausse des prix des matières premières et leur impact sur les coûts de la construction, les difficultés d’approvisionnement et le repli de la demande, résultantes de la crise sanitaire, seraient des facteurs susceptibles de maintenir le niveau de la croissance en dessous de sa tendance de long terme», commente l’institution.

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