L’accumulation des impayés a poussé les banques à, peu à peu, se détourner du financement du logement social. Seules deux banques de la place sont encore actives sur ce segment. Quelles solutions pour relancer la machine ? Des experts avancent des pistes.
Avec l’accumulation des impayés et la montée du coût de risques, les banques ont fini par se détourner du financement de l’acquisition de logements sociaux, malgré les garanties mises en place par l’Etat.
Aujourd’hui, selon les professionnels, il n’y a plus que le CIH Bank et le groupe Banque Populaire qui financent encore ces types d’acquéreurs. Toutefois, certaines banques interviennent encore pour financer un type précis de projets sur ce segment. Alors, comment redonner de l’appétit au système bancaire pour ce segment? C’est la question qui taraude nombre d’experts et professionnels du secteur immobilier.
Pour sortir de cette situation, Al-Amine Nejjar, vice-président du Cercle des économistes istiqlaliens et directeur associé du cabinet CCIP, prône l’implication des pouvoirs publics.
« C’est la seule solution pour rétablir la confiance des banques vis-à-vis des acquéreurs de ce type de logement. Quand le coût du risque est élevé, le banquier regarde ailleurs. Et c’est normal», explique-t-il, ajoutant qu’il faudra également une volonté citoyenne de la part du Groupe professionnel des banques du Maroc (GPBM).
L’expert souhaite notamment une implication directe du ministère de l’Intérieur dans le recouvrement notamment. Force est de souligner que le Fonds de garantie immobilière (Fogarim), un dispositif public de garantie des prêts au logement social dédié aux populations à revenu faible ou non régulier, traîne aujourd’hui plusieurs dysfonctionnements. Les impayés au niveau de certaines banques associées à ce fonds ont atteint 500 millions de DH.
Une enquête de l’IGF
Une situation qui a obligé le ministère de l’Economie et des Finances à diligenter en mai dernier une mission de l’Inspection générale des finances (IGF) pour faire la lumière sur les dysfonctionnements. Selon plusieurs experts, les banques concernées n’ont pas pesé comme il se doit les risques d’insolvabilité des bénéficiaires des crédits du logement social. Au début, tout le monde disait que ce n’était pas risqué parce qu’il y avait la garantie de la Caisse Centrale de Garantie.
Mais, malheureusement, ces dernières années, le risque s’est démultiplié. Parfois, vous pouvez avoir des vagues d’impayés sur tout un quartier. Ce sont ces raisons qui entravent aujourd’hui la confiance des banques au niveau du financement », explique un ex directeur général adjoint d’une banque de la place. Aujourd’hui, toutes les parties prenantes (banques et promoteurs immobiliers) appellent à revoir la formule des garanties qui existent.
« Il faut que les autorités jouent leur rôle pour relancer la machine », renchérit Anice Benjelloun, secrétaire général adjoint de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). Relancer la machine est vraiment primordial dans la mesure où la demande pour ce type de logements reste forte.
Selon la dernière étude du ministère de l’Habitat sur le sujet, la demande future est estimée à 1,5 million d’unités de logement, dont 40% pour le produit social. « C’est dans ce contexte que le ministère a initié de nouvelles actions et de nouveaux chantiers en concertation avec tous les intervenants et les partenaires du secteur », conclut Nabila El Merini, directrice de la Direction de la promotion immobilière du ministère de l’Habitat.