La sinistrose était jusque-là un sentiment général, perceptible aussi bien chez les opérateurs économiques que chez les décideurs. Elle est confirmée aujourd’hui par les statistiques monétaires du mois de janvier, livrées par Bank Al-Maghrib. Des chiffres qui révèlent une baisse des crédits à l’entreprise et à la consommation conjuguée à un net repli des dépôts à vue, principale ressources des banques.
Sinistrose et attentisme. Ce sont les deux mots qui reviennent dans les discussions et les débats économiques depuis le début de l’année. Il s’agissait jusque-là d’une perception, que les statistiques monétaires du mois de janvier viennent de confirmer.
Dans son bulletin mensuel publié ce jeudi 28 février, Bank Al Maghrib rend compte d’un ralentissement général de l’activité bancaire, un des indicateurs les plus représentatifs de l’activité économique. Un ralentissement qui concerne aussi bien les crédits que les dépôts.
L’encours total des crédits bancaires s’est ainsi établi à fin janvier à 852,7 milliards. Il est en baisse de 17,8 milliards par rapport à décembre (-2%). Sur une année, la progression reste toutefois positive à 3,2%. Un chiffre à nuancer, car gonflé artificiellement par les concours aux sociétés financières servis en fin d’année.
Par objet économique, la baisse du crédit est quasi générale :
Les crédits de trésorerie chutent de 2,7% entre décembre et janvier pour se fixer à 172,8 milliards de dirhams.
Même tendance pour les crédits à l’équipement dont l’encours s’est réduit de 0,9% à 172,5 milliards.
Les crédits à la consommation ressortent également en baisse : -0,1% à 54 milliards.
Seule éclaircie : le maintien des crédits immobiliers à un niveau stable. Leur encours a légèrement augmenté de 3 millions de dirhams à 267,3 milliards de dirhams. Une petite prouesse qui cache une évolution à deux vitesses entre prêts à l’habitat servis aux particuliers, et crédits aux promoteurs immobiliers.
Si les crédits à l’habitat ont évolué de 687 millions de dirhams (dont 235 millions distribués par les banques particpatives), les crédits aux promoteurs ne décollent toujours pas : leur encours s’est replié de 4,6% (ou 2,6 milliards de dirhams) entre décembre et janvier.
Autre éclaircie : la baisse de l’encours des créances en souffrance qui s’est réduit de 414 millions de dirhams (-0,6%). Il reste toutefois à un niveau relativement élevé : 64,8 milliards de dirhams représentant ainsi un peu plus de 7,6% du total des crédits bancaires.
Les ressources bancaires n’ont pas été épargnées non plus par la morosité ambiante.
Les dépôts à vue auprès des banques ont ainsi baissé de 3,9% depuis décembre 2018. Leur encours à fin janvier 2019 s’est fixé à 538,9 milliards de dirhams.
Une situation qui contraste avec l’évolution des comptes à terme qui progressent de 174 millions de dirhams (à 161,2 milliards de dirhams) par rapport à décembre. Une petite progression de 0,1% sur un mois qui peine à contrebalancer l’hémorragie des dépôts à vue (-21,7 milliards), qui représentent l’essentiel des ressources bancaires.
Difficile dans cette situation de faire relever les réserves internationales nettes qui poursuivent leur chute entamée depuis 2018. Elles se sont fixées à fin janvier à 227,9 milliards de dirhams, soit une baisse de 1,3% sur un mois et -5% sur une année.