Souffrant de plusieurs problématiques, le secteur immobilier n’arrive pas à sortir la tête de l’eau. Le manque de visibilité plane toujours sur le secteur. Les opérateurs et les analystes n’arrivent pas à se projeter dans les prochains mois.
Le manque de visibilité plane toujours sur le secteur immobilier. Joint par LeBoursier, Anis Benjelloun, vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) estime que « les perspectives du secteur sont sombres cette année ».
En cause : la hausse des prix des intrants dans la construction immobilière à cause du déclenchement de la guerre en Ukraine.
« Les prix des matières premières continuent d’augmenter. Cette situation est extrêmement inquiétante. Nos calculs et nos plans de financement sont chamboulés. On a pris des engagements pour la vente sur plans avec nos clients, et maintenant on se retrouve face à des hausses spectaculaires des intrants. Du coup, on n’a pas de visibilité. On ne sait pas comment cette situation va évoluer ».
La hausse des prix des matières premières génère une deuxième problématique : « On ne sait pas si la hausse des prix des intrants à l’international justifie complétement la flambée des prix à l’échelle nationale ou pas ou s’il y a des producteurs qui profitent de cette situation pour augmenter davantage leurs prix », ajoute notre interlocuteur.
« Ce sont autant d’éléments qui montrent que le secteur est en difficulté. Les derniers chiffres publiés par Bank Al-Maghrib parlent d’un recul important des transactions ces derniers mois », souligne-t-il.
S’ajoute à cela la non-reconduction des avantages fiscaux sur les droits d’enregistrement qui avaient soutenu l’activité en 2020 et 2021, décidés dans la LFR 2020.
« Les avantages fiscaux n’ont pas été reconduits. Rien n’a été communiqué dans ce sens pour le moment. Nous sommes en discussion avec le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, mais cela n’a toujours pas abouti à une solution. Il y a un manque de visibilité énorme ».
A rappeler que le segment du logement social avait particulièrement bénéficié d’une forte dynamique au premier semestre 2021 grâce à la baisse sur les droits d’enregistrement. Ces avantages fiscaux, qui avaient boosté les ventes de 25% à 30% sur les 6 premiers mois de l’année, ont touché à leur fin en juin 2021.
Quel est l’impact de la non-reconduction de ces avantages fiscaux ? « La classe sociale va se trouver face à de grosses difficultés vu l’augmentation des prix des matières premières et vu la non-reconduction de ces dispositions fiscales. Cette situation continuerait d’impacter négativement les ventes du secteur».
Ainsi, « la situation globale est difficile. Le secteur est en crise. Le consommateur a un pouvoir d’achat réduit. Les perspectives ne sont pas bonnes. Il y a un énorme stock à écouler. On commence à assister à un arrêt des chantiers à cause de la hausse des prix des matières premières. Cela va mettre en péril des centaines de milliers d’emploi qui sont précaires, essentiellement issus du monde rural », continue-t-il.
« Nous ne demandons pas de subventions. Nous demandons simplement que l’Etat joue son rôle de régulateur en cette période de crise et de se pencher sur les raisons fondamentales de cette hausse démesurée des prix des intrants. Nous demandons aussi à ce que l’Etat établisse de nouveaux programmes et de nouvelles dispositions pour réduire les coûts des biens », souligne-t-il.
Evolution des immobilières cotées : les analystes n’ont pas de visibilité
Un analyste de la place, contacté par LeBoursier, estime que « c’est difficile de prévoir les perspectives d’évolution du secteur dans ce contexte actuel, marqué par le ralentissement de la croissance, la hausse de l’inflation, qui dégrade le pouvoir d’achat, et la flambée des prix des matières premières. Ce contexte ne joue pas en faveur du secteur. Les statistiques publiées dernièrement le démontrent : les ventes de ciment sont en baisse, le prix de l’immobilier recule, etc ».
Sur le même registre, un deuxième analyste trouve que « le manque de visibilité persiste. Les opérateurs font face à plusieurs risques. On n’a pas vraiment d’éléments sur lesquels on pourrait baser nos prévisions pour ce secteur».
« La situation pourrait peut-être changer si l’Etat décide de réagir pour soutenir ce secteur. Pour le moment, il n’y a pas de visibilité», pense-t-il.
L’indice sectoriel boursier « Participation et promotion immobilières » affiche une baisse de presque 5% depuis le début de cette année. Les immobilières cotées affichent des évolutions de cours un petit peu mitigée. Addoha a reculé de 26% depuis début 2022. Résidences Dar Saada a lâché presque 2%. En face, Alliances a bondi de 90%.
Source : leboursier.ma